Sur le trajet du retour, pas réellement de débat, car à prix égal (15000 €) les prestations respectives ne souffrent pas la comparaison : Grégal est très bien équipé en voiles, il est robuste, marin, il se comporte bien en mer, son pilote ST 4000 marche au poil. Pour le prix, c'est le bateau le mieux équipé et le mieux entretenu que l'on ait visité. L'autre n'a rien de tout cela si ce n'est un étai largable et une grande voile d'origine. Je tire en silence un trait sur le bel intérieur et la cuisine spacieuse en L du Karaté... De toute façon, aurais-je pu espérer mieux qu'un bateau anglais, venu de ma petite île pluvieuse et brouillardeuse préférée ?
27 janvier 2008
Où le favori nippon s'incline devant le challenger d'outre-Manche
Sur le trajet du retour, pas réellement de débat, car à prix égal (15000 €) les prestations respectives ne souffrent pas la comparaison : Grégal est très bien équipé en voiles, il est robuste, marin, il se comporte bien en mer, son pilote ST 4000 marche au poil. Pour le prix, c'est le bateau le mieux équipé et le mieux entretenu que l'on ait visité. L'autre n'a rien de tout cela si ce n'est un étai largable et une grande voile d'origine. Je tire en silence un trait sur le bel intérieur et la cuisine spacieuse en L du Karaté... De toute façon, aurais-je pu espérer mieux qu'un bateau anglais, venu de ma petite île pluvieuse et brouillardeuse préférée ?
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25 janvier 2008
Chronique d'une année sabbatique annoncée
Tom a annoncé aujourd’hui son intention de partir pour un an à son chef de projet. L’accueil n’a pas été très amical. On peut même dire qu’il a été un peu glacial… J’ai tenté de le rassurer en lui expliquant que si sa boîte est si réticente à le voir partir, c’est qu’elle voit mal comment le remplacer. On peut comprendre que pour une entreprise d’informatique, ce n’est pas évident de trouver un ingénieur sérieux et compétent en un claquement de doigts… Par extension, on voit que dans le privé, quand une entreprise a confiance en l’un de ses collaborateurs, elle le lui montre en lui faisant comprendre que son départ ne l’enchante pas. Y-aurait-il réellement un fossé entre la fonction publique et le privé ?
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22 janvier 2008
Pourquoi partir ? (1/2)
Par chance, Tom et moi avons le même virus du voyage. Ce délicieux appel de l'inconnu qui vient vous caresser la joue justement quand le confort de votre quotidien commence à endormir votre vigilance et votre sens de la découverte. Partir est aussi une forme de lâcher-prise de fond, quand le voyage en question vous emmène plus longtemps que quelques jours de simples vacances, où vous savez que quoi qu'il arrive vous rentrerez chez vous.
Ma première expérience du lâcher-prise avec mon mode de vie a eu lieu quand je suis partie vivre un an en Angleterre, alors que j'étais encore étudiante à l'IEP. Ce fut une expérience à la fois brillante et grisante : perte de repères, pratique d'une langue étrangère, découverte de qui l'on est quand on se trouve à l'étranger (et non, on n'est pas exactement la même personne quand on s'exprime dans une autre langue), découverte d'une autre culture, de façons de faire différentes ("Qu'est-ce donc que ces petites tranches de jambon carré et pleines d'eau vendues sous vide ? Où est donc le Madrange ?"...) Peut-être est-ce parce que j'ai toujours eu une affection maladive pour ce petit bout d'île d'Albion, il n'empêche, cela m'a transformée en aiguisant mon sens de la liberté, ma capacité d'adaptation et mon goût du voyage. Sans dire que c'est en Angleterre que j'ai rencontré Tom. Et non, rien n'est fortuit voyez-vous.
Partir maintenant, alors que nous semblons bien "installés", salariés, pacsés, empaquetés, est aux yeux de beaucoup une belle hérésie. Bien sûr, partir un an en voilier a un côté furieusement aventurier. Tels deux Christophe Colomb, ils étaient sales et ne se nourrissaient que de papayes crues et de poissons séchés, parcourant les mers du Globe...
Que néni, en un an de voilier, on ne peut pas se permettre de faire le tour du monde.
Par ailleurs, quand vous annoncez votre projet de partir en bateau, trois types de réactions, que nous avons à présent bien eu le temps d'identifier, s'offrent à vous :
Option 1 : "- Oh, c'est bien... Mais vous n'avez pas peur ?!". Si, car la mer est toujours dangereuse, mais la préparation, la prudence et la vigilance de chaque instant sont les antidotes à la peur. Et puis, le jeu en vaut la chandelle, non ?
Option 2 : "Mais c'est absolument génial ! Alors là, vous avez bien raison de vous lancer, il faut le faire tant qu'on est encore jeune, sans enfants... Rhâ là là, bande de veinards !" No comment : nous, on adore entendre ça.
Option 3 : "Ah bon ? Ah ouais... Mais bon, est-ce bien raisonnable ?" (Quid du refrain déroulé ensuite, puisant dans les divers arguments : Et votre carrière ? Et Aude qui ne sait pas naviguer ? Et votre bateau, il ne prend pas l'eau ? Et votre appartement ? Et savez-vous qu'on n'est pas sûrs de pouvoir vous réintégrer sur le même poste ?...)
Il est fort triste de constater que statistiquement, c'est l'option 3 qui l'emporte largement.
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21 janvier 2008
Vous contenterez-vous d'un Contention ?
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20 janvier 2008
Cotre acier marseillais
Nous avons du mal à maintenir notre motivation. Tom s’inquiète de ne pas trouver quelque chose de sérieux dans notre petit budget avant longtemps. Nous sommes fatigués par les recherches non stop, l’esprit tendu vers le seul objectif d’écumer Internet dans l’espoir de trouver notre bonheur. Mais si nous voulons partir au mois de juillet, nous n’avons que six mois avant le départ ! Il faut donc le trouver ce voilier, histoire de pouvoir le préparer correctement…
A chaque fois que nous abordons la question avec notre entourage, qu’il s’agisse d’un interlocuteur plus ou moins familier du milieu marin ou d’un total novice, c’est le même étonnement : « 15 000 € ??? Mais à ce prix là vous ne trouverez qu’une ruine pour la taille que vous recherchez ! ». Mauvaise passe. Je me dis qu’il faut tenir et que ça risque de ne pas être la première, de mauvaise passe. Tom a seul l’angoisse du choix, le poids de la vigilance, étant donné que moi, je n’y connais rien, même si au fil des visites je m’améliore. J’ai un peu l’impression de ne servir à rien sur ce coup, si ce n’est à remonter le moral des troupes.
Cet après-midi, nous allons à l’île du Frioul visiter un grand cotre acier de 11 mètres. Au prix auquel le bateau est annoncé, nous ne nous faisons guère d’illusion… Effectivement, le bateau ne semble pas convenir à un projet comme le notre. Il est entretenu sans zèle et la rusticité du moteur, l’état de la coque, le pied de mât plein d’électrolyse ne nous inspirent pas. Le temps de boire le thé avec les vendeurs et nous reprenons le chemin du retour. Pas de grande découverte pour aujourd’hui ! Que sera, sera…
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Acheter un bateau : la délicate question des questions à se poser
En dehors des considérations de prix global, se pose ensuite un ensemble de questions dont la première est sans doute : quel type de coque ? Il existe sur la toile un nombre impressionnant de débats sur ce point dans les forums spécialisés. Nous aurions bien aimé une coque en acier ou en aluminium, pour la solidité et le côté aventureux, mais dans notre temps de recherche aucune bonne occasion ne s'est présentée. Nous nous sommes donc rabattus sur la bonne vieille coque polyester. TOUT LE MONDE vous dira de vérifier en tout premier lieu que celle-ci n'est pas OSMOSEE (cette vérification ne peut se faire qu'en sortant le bateau de l'eau, ce qui vous en coûtera, outre une centaine d'euros, une bonne séance de Kärcher / grattage et scrutage des petites cloques). Ensuite, vient la question de l'âge du moteur, de sa marque, de son nombre d'heures en marche, de la qualité des gréements (courants et dormants), de l'état des voiles, et de tout un ensemble d'équipements que nous avons à chaque fois considéré comme des valeurs ajoutées (pilote automatique ou non, sondeur, radar, BLU / Navtex, GPS, équipements de sécurité (balises satellite), panneaux solaires, et autres). Bien sûr, AUCUN des navires visités ne possède tout, dans notre prix. Ce serait trop facile. Il faut donc composer. Nous avons de fait réalisé une petite liste des points de vérification, liste que nous décidons d'emporter à chaque visite. Les vendeurs en général se plient avec patience à notre déroulage de questions. Ensuite, nous nous sommes bricolés, en annexe, une petite étude de marché maison avec le coût potentiel des différents équipements à installer.
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19 janvier 2008
Radar à saisir
Nouveau weekend de visites. Un samedi décevant (visite de deux Folie Douce, dont un en ruines, et un First 30), aucun des voiliers visités n’est réellement sorti du lot. Il y a toujours un détail ou un aspect plus significatif qui sont rédhibitoires. Tom attendait beaucoup du First 30. Le propriétaire nous avait proposé un tour en mer. Malheureusement, un problème impromptu de moteur ne nous a pas permis de quitter le port. Pas moyen d’enclencher la marche avant, ni même la marche arrière. Nous avons peiné 20 minutes à empêcher le bateau de cogner contre les autres bateaux à coups de gaffes et à la force des bras. Même si le problème n’est peut-être pas si grave, ce n’est pas rassurant.
Seul bon point de la journée de samedi : nous avons investi dans notre première pièce de voilier ! Un radar Furuno 821 en excellent état, que nous sommes allés chercher à côté de Marseille.
15 janvier 2008
Annonce de disponibilité
Aujourd’hui j’ai fait le grand saut. J’ai annoncé mon intention de poser une disponibilité de un an à mon chef de service, puis à mon directeur. J’étais très angoissée de savoir quel accueil ma nouvelle allait recevoir. J’ai été bluffée. C’était, pour l’un et pour l’autre, l’enthousiasme. « Il faut le faire tant que vous n’avez pas d’enfants… C’est un beau projet personnel, en aucun cas nous ne nous y opposerons… Cela ne nous facilite pas la tâche au niveau de l’équipe, mais on trouvera une solution. A certains moments, il faut savoir privilégier la vie personnelle… ». Je crois rêver. Ce jour là, j’ai vraiment envie de leur dire merci. C’est dans des moments comme celui-là que l’on a besoin de soutien. Je me sens ragaillardie mais un sentiment étrange me saisit : plus question de revenir en arrière maintenant ! Il faut le réaliser ce projet ! Pas toujours évident de se jeter à l’eau. Je goûte aux premiers parfums du risque et du doute : n’est-ce pas pure folie ? Il faut à présent louer l’appartement, trouver un maître adoptif pour le chat… Et si on n’y arrivait pas financièrement ?
Une longue discussion avec Tom le soir me permet de décompresser en trinquant à cette belle perspective d’obtention de disponibilité.
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13 janvier 2008
L'art de réaménager un intérieur
Un seul bateau à voir pour aujourd’hui. C’est un Karaté NV de 1977. Très peu de détails sur l’annonce. Le bateau est au port de Gruissan. Ce dimanche il fait gris, froid et il y a du vent.
On retrouve le propriétaire au ponton. On fait le tour des extérieurs : gréement courant et dormant en bon état, pied de mât OK, moteur satisfaisant, grand voile correcte. Seul hic : pas d’enrouleur de génois. Tom échange avec le propriétaire sur son inquiétude face aux étais largables. Il y a bien une trinquette dans le jeu de voiles, mais on se sent un peu désœuvrés au niveau de la pratique. Et si le vent fraichit vite ? « C’est évident qu’il faut être vigilant, il faut anticiper un peu plus » nous informe le vendeur. On passe à l’intérieur. C’est une excellente surprise. Le propriétaire est du métier, il a entièrement repensé l’aménagement intérieur. Au lieu du couloir central, carré, toilettes et placard au fond juste avant le triangle, on a un bel espace ouvert jusqu’au fond. Le coin WC est déplacé à l’avant derrière une petite porte en lambris blanc et forme une mini-chambre avec la couchette du capitaine. La cuisine est spacieuse. On respire. C’est la première fois que je me dis « Sur ce bateau, je me sentirais bien d’habiter pendant un an ». Nous discutons encore un long moment avec le propriétaire. Il navigue sur ce bateau depuis 11 ans et n’est pas un amateur. Sa franchise et son jugement nous rassurent. Comme à chaque fois, on explique notre projet. Cela nous permet toujours d’avoir des éclairages plus précis, et comme à chaque fois, un « De toutes les manières, il faut le faire votre projet » sonne comme un encouragement de plus à nous lancer dans l’aventure.
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12 janvier 2008
Folie Douce : Est-ce bien raisonnable ?
Nous avons passé la semaine à éplucher les petites annonces de voiliers à vendre dans la région. Aujourd’hui nous avons rendez-vous avec P. qui possède un Folie Douce de 1973. Sur l’annonce, il apparaît bien équipé, et le prix défie tout concurrence… Le voilier est à quai sur le canal jouxtant le port de Frontignan. Les voiles sont en bon état, le génois est récent, il y a plein d’accessoires que P. cède : deux moteurs d’annexe, un panneau solaire, trois batteries, un pilote automatique, un Navtex et même un radar… P. a procédé lui-même à un carénage « à nu » en 2007 avec plusieurs couches d’époxy. Première immersion dans le débat sans fin sur l’osmose. P. est un sacré phénomène : il se sépare de son bateau à regret à cause de problèmes familiaux. Il vit en fait à bord depuis un moment. A l’intérieur, c’est difficile de se faire une idée : le bateau est sans dessus dessous. Pas évident de repérer les différents points de contrôle dans ce joyeux bordel. « Un de plus où il faudrait tout refaire » me dis-je. La visite terminée nous laisse un sentiment mitigé. Tom est intéressé par tout l’équipement et le gréement récent, mais la situation difficile du propriétaire nous conduit à douter sur l’entretien du bateau au cours des derniers mois. Reste la question du Folie Douce. Si Alain Barinet ne nous avait pas enthousiasmé avec son aventure sur le « Popote », on aurait un peu tendance à considérer ce modèle comme la Twingo des 9-10 mètres des années 1970. Or on aspire quelque part à trouver la bonne Volvo des mers, rustique mais de construction solide.
Les deux autres visites de la journée, respectivement un Arpège et un Gib Sea 90 + « régate », chez un concessionnaire de la Grande Motte, ne sont pas concluantes.
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8 janvier 2008
Sloop vermillon
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1 janvier 2008
L'équipage
Aude a fait le choix, à l'issue de ses études en sciences politiques, d'investir ses compétences pour l'intérêt général et non pour le Grand Capital. Elle a donc opté pour la branche du non marchand, et plus précisément du service public. Au départ, l'idée était de travailler dans les politiques environnementales au niveau local, mais son premier poste titulaire a été dans la formation professionnelle, au Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, à Montpellier. Sa demande de disponibilité pour partir un an intervient deux ans et demi après son entrée en poste.
Tom est ingénieur en informatique. Il est aujourd'hui programmeur dans le service R&D d'une société américaine leader dans le secteur de la mesure dans les sciences de la vie, la chimie et l'électronique. Il travaille lui aussi à Montpellier. La société qui l'emploie a proposé à Tom une année sabbatique "gracieuse", car cela fait moins de deux ans qu'il travaille dans cette entreprise.
Aude aime les sushis (les faire puis les manger), les bivouacs en montagne, l'air humide de l'Angleterre et ses pubs rétros avec des armoiries, le cinéma en VO, jardiner sur douze mètres carrés et aller dans des endroits qu'elle ne connaît pas. Elle n'aime pas les hommes d'affaire en costume gris, s'enterrer en snowboard dans une cuvette de poudreuse, les grosses voitures qui polluent et le fatalisme défaitiste.
Tom aime les logiciels libres, compiler le dernier kernel Linux, faire la vaisselle, le snowboard et sa petite station de ski natale de l'Alpe du Grand Serre, le génépi (le ramasser et puis le boire), et les gnocchis. Il n'aime pas aller au boulot en vélo sous la pluie quand Aude a pris la voiture, se lever le matin, les gens vénaux, la routine au boulot, les bons Bourgognes malencontreusement bouchonnés.
Tom a grandit avec la voile et Aude espère que son apprentissage de la voile la grandira. Ils sont tous les deux en quête d'aventure, de couleurs, de rencontres, de petits verres de rosé frais sirotés au mouillage, de rupture avec le quotidien.