28 janvier 2009

St David's Harbour et La Sagesse

Nos zigzags de près nous ont bien amenés sains et saufs dans la tranquille petite baie de St David's Harbour. Sains et saufs, sauf que nous avons déchiré notre 2e grand voile en trois endroits, mais sur une dizaine de centimètres à chaque fois seulement. En fait de port, St David's est un petit chantier où il est possible de sortir son bateau pour travaux (carénage, notamment). Justifier

L'endroit est ceint dans un écrin de verdure et de palmiers, sous fond de montagnes en arrière-plan, ce qui lui donne un irrésistible côté sauvage. Pas de maisons ni de routes à proximité, si ce n'est un petit complexe hôtelier composé de petites maisons en bois colorées qui se fondent dans le paysage. Le soir, rien ne vient troubler le chant des grillons. A St David's, il est même possible de faire ses formalités car des bureaux de customs sont présents. Il y a tous les corps de métier représentés au chantier (gréement, travail des métaux, voilerie), mais ce qui fait défaut, c'est un bon shipchanler digne de ce nom (il y a bien une minuscule succursale de Inland Waterworld, le ship présent à St Georges, mais il n'ont que le strict minimum).

Nous sommes d'abord allés voir l'atelier de voilerie pour savoir s'il était possible de réparer notre grand voile. Malheureusement, le patron nous a indiqué, avec le sourire (car ici tous les gens sont plus sympathiques qu'à Prickly Bay), qu'ils avaient plus de 3 semaines d'attente. Un peu dépités, on est repartis et, alors qu'on était en train de boire un coca au "Barking Barracuda", le troquet local, l'un des employés du voilier nous a rejoint. Il nous a expliqué qu'il lui était possible de réparer notre voile chez lui, car il a tout le matériel, et ce à condition de ne rien dire à son patron. Super aubaine, et le jeune avait l'air très sérieux. On lui a donc donné les deux grand voiles, tant qu'à y être, pour qu'il jette un oeil sur notre principale qui est bien fatiguée. En deux jours, il nous a fait un vrai travail d'orfèvre, rapiéçant là où c'était nécessaire, renforçant les coutures sur les bords et reposant des oeillets là où ils menaçaient de s'en aller, et le tout, pour moins de 100 euros. On est ravis, et on a à présent deux voiles qui tiennent la route.

Le lendemain, on est allés se promener dans la baie voisine, réputée pour sa beauté. Elle s'appelle "La Sagesse" bay. C'est une anse bordée de palmiers, avec un hôtel de luxe niché dans les arbres tout au fond. On s'est régalés sur la jolie plage.

Voilà, nos voiles réparées, on va pouvoir enfin décoler de Grenade. Toujours pas de nouvelles de notre colis, mais on est impatients de tracer la route. Notre prochaine étape c'est l'îlot de Carriacou, qui fait toujours partie de Grenade mais qui se trouve plus de 35 milles au nord. Une bonne journée de près nous attend demain, et pour être sûrs d'arriver avant la nuit, on va partir très tôt. On espère ne pas mettre plus de 10 heures !

26 janvier 2009

Serré le près !



Sinon hier on a pêché un beau spécimen, une carangue à gros yeux (horse eye jack). Il n'en reste pas moins délicieux malgré sa drôle de gueule.

23 janvier 2009

Seven Sisters Falls

Le mouillage à Saint-Georges, dans le Lagoon, est plus agréable que ce qu'on a pu en lire dans les guides (qui disent de se méfier de cet endroit pour cause d'insécurité), et le bateau sera bien assez tranquille si on le laisse pour la journée. Aujourd'hui nous profitons de la proximité des transports en commun pour aller nous balader dans l'île, car Tom n'a encore jamais eu l'occasion de la découvrir par la route. Nous sautons dans un minibus fidèle à ce que j'avais pu en dire : musique à fond et ambiance garantie.


Le bus suivant (le n°6, direction Greenville) sera celui qui nous emmènera coeur de Grenade, car nous avons décidé d'aller voir l'une des multiples cascades dont l'île est pourvue, et fouler un peu du pied la forêt tropicale qui fait la fierté des tours operators locaux. Les chutes que nous avons choisies se nomment "Seven Sisters Falls", c'est en fait une succession de 7 cascades, la première étant accessible en environ 30 minutes de marche, et les autres, plus difficiles à atteindre, nécessitent de grimper dans la forêt vierge (préférablement accompagné d'un guide qui connaît le coin car rien n'est balisé). Le bus nous dépose au milieu de nulle part, dans la verdure, devant un panneau "Margaret Falls" à l'entrée d'un chemin. Au bout du chemin se trouve une petite maison en bois avec sur le pas de la porte une jeune femme souriante qui nous explique que l'accès aux chutes est payant (5 EC dollars par personne). Elle nous indique ensuite comment nous rendre à la première cascade, et nous donne un bâton de marche en nous souhaitant bonne route. Je trouve l'idée du bâton tout à fait charmante et qui fait très "randonnée en nature", cela dit, le chemin que nous devons emprunter est en route goudronnée et on se dit que le bâton est un peu surfait, mais soit.

Nous descendons vers une petite vallée verdoyante, plantée de cultures potagères et fruitières locales (callaloo, noix de muscade, bananiers...), puis remontons pour entamer la deuxième descente, à flanc de montagne. Cette descente-là n'a rien d'une route goudronnée. Le sentier qui serpente dans "l'enfer vert" est très étroit et somme toute assez raide. On utilise des marches taillées dans la terre glaise rouge. Ici, on dirait que c'est en permanence détrempé et sous les ruissellements des pluies quotidiennes, les marches de terres se sont arrondies sur les angles et sont incroyablement glissantes. Ça et là, des petits trous plantés : les trous des bâtons des randonneurs. Ah la bonne heure ! Là je peux vous dire qu'on s'en sert, des bâtons, et plutôt deux fois qu'une, au risque d'aller valser par-dessus les bambous et se retrouver en fond de vallée 300 mètres plus bas. Au bout d'un moment, on commence à entendre le bruit de la chute. Au détour d'un ruisseau, au coeur d'un écrin de forêt tropicale, apparaît la cascade. Splendide. Juste le temps d'attendre que le groupe de randonneurs précédent quitte les lieux, et nous profitons d'une baignade en pied de cascade, dans l'eau bleue et finalement pas si froide. Tom, qui ne perd jamais son sens pratique, en profite pour prendre une douche. C'est toujours ça de fait.









Attention, sur la gauche de cette vidéo apparaît, pendant plusieurs secondes, Christophe Lambert. Soyez attentifs !

On repartira tout revigorés, sans avoir vu les autres chutes mais le spectacle de la première a suffit à nous ravir. Au moment de regagner la petite vallée potagère, on avait les chaussures et les mollets couverts de boue. Qu'à cela ne tienne, au milieu du chemin se trouve un petit pont surplombant un ruisseau. Là, un paysan local, petit malin de son état, se tient tranquillement à côté de plusieurs baquets d'eau en souriant jusqu'aux oreilles. A notre passage, il nous montre nos chaussures et nous propose fort à propos de les décrotter avec son éponge spécialement prévue à cet effet et ses seaux d'eau. Ensuite, il nous fait la démonstration d'un décorticage de noix de muscade (sur une petite pierre prévue à cet effet), puis nous montre les diverses plantes indigènes qui poussent dans sa vallée : callaloos, frangipaniers, et d'autres espèces dont j'ai oublié le nom. Une riche idée ce petit cours de botanique, et le type est si sympathique (il ne quémande rien), qu'on lui donne quelques dollars à notre bon cœur, et je me dis qu'avec tous les touristes qui passent par ce chemin, ça doit bien lui arrondir ses fins de mois. Comme quoi, on peut tout à fait allier agriculture et tourisme à mi-temps, y'a pas de sot profit.

22 janvier 2009

Les sculptures sous-marines de Molinière Bay

Enfin : la trêve ! Celle que l'on (surtout Tom) attendait depuis longtemps ! Enfin le temps des vacances retrouvées, et la possibilité de quitter Prickly Bay qui, sans être désagréable, commençait à nous lasser. Pour fêter notre nouveau gréement tout neuf, nous avons offert à Grégal une petite nav' au près, toutes voiles dehors. Le bougre n'a rien perdu de son aisance pour remonter le vent, et son mât redressé le rend à présent mieux équilibré, un peu moins ardent. C'est somme toute de bonne augure pour la traversée de l'Atlantique retour, en permettant de faire moins forcer notre pilote auto. Nous avons donc tracé un grand bord jusqu'à la petite crique de Dragon Bay, au nord-ouest de Saint Georges. L'ancre était mouillée sur le coup des 15 heures et, comble du bonheur, nous étions le seul bateau.



Dragon Bay jouxte la pointe de Moliniere Bay, qui est un spot de plongée et de snorkelling (palmes-masque-tuba) référencé : il y a là, dès 2 mètres de profondeur, tout un récif corallien à explorer, garni de coraux extravagants tubulaires, en forme de feuilles ou de dentelles qui se balancent dans le courant, et où se promènent une multitude de poissons colorés. Les institutions touristiques de Grenade ont eu la bonne idée d'y faire installer un parc de sculptures sous-marines, créé par l'artiste Jason deCaires Taylor. Ainsi, au gré de vos explorations, vous pouvez tomber sur des corps sculptés dans le granit partiellement enfouis dans le sable, et découvrir les traits de leur visage en frottant le sable qui les recouvre, ou bien tomber, au détour d'un rocher, sur un cercle totalement psychédélique de petits personnages d'1 mètre 50, tous debout sur le sable et se tenant la main dos à dos. Parfaite image qu'on pourrait croire tout droit sortie d'un film de science fiction.

Après cette jolie petite escapade en PMT nous avons rejoint le port de Saint Georges pour y mouiller pour la nuit. Nos potes Gérard et Philippe nous avaient prévenus qu'ils y feraient escale avant de remonter sur la Martinique et ça a été l'occasion de se faire un dernier petit apéro-dîner ensemble.

21 janvier 2009

Fin des travaux, détendeur de secours et agréables rencontres

Malheur à nous, Corne-de-bouc ! Si vous n'étiez pas là pour nous rappeler à votre bon souvenir, on ne se rendrait même pas compte qu'une semaine et plus passe entre deux billets ! Il y a du relâchement sur ce blog, et n'allons pas aggraver notre cas en prétextant une atteinte de notre rythme de vie par l'antillopathie, ça ne serait pas juste.

Mais que s'est-il donc passé entre cette visite de distillerie et aujourd'hui, jour pluvieux et venté s'il en est ? S'est-on perdu dans les vapeurs déliriumesques du rhum à 70° ?

Tout d'abord, nous sommes fiers de vous annoncer que le remplacement des câbles du gréement est ter-mi-né. Tom est courageusement monté au mât chaque jour que Dieu a fait, uniquement armé de son gri-gri d'escalade, de sa pince rouge et de son tournevis. Le chantier "Turbulence" nous a bien facilité la tâche. Mais sans compter sur le merveilleux sens des public relations de Tom, nul doute que c'eût été plus compliqué. "Turbulence" est une petite entreprise tenue par un couple de français, Richard et Joëlle, qui ont bien su mener leur bouclard car ils emploient aujourd'hui une bonne quinzaine de personnes. Richard ressemble à un faux Mel-Gibson-sur-le-retour, œil bleu et cheveux mi-longs, tongs et paluches énormes, qui ne dit que "salut" ou "ouais-qu'est-qu'il-te-faut". Joëlle n'est guère plus avenante, même si sous sa cinquantaine approchante on se dit qu'elle a dû être une très belle femme dans sa jeunesse, un peu genre Brigitte Bardot (elle a encore de beaux restes). Pendant dix jours, Tom a harcelé Richard pour lui poser, sans se dégonfler, tout un tas de questions sur comment bricoler son bateau au moindre coût (vous imaginez que l'autre, ça ne le faisait pas rire dans ses tongs). Fort heureusement, le Richard s'est esquivé et a mis Tom directement en relation avec le maître "Rigger" (celui qui sertit les câbles : rigging=gréement) : "Wayne". Wayne, jeune black taciturne avec tous les clients de la boutique, s'est miraculeusement dégivré au contact de Tom, et ils sont devenus les meilleurs amis du monde. Quand on va au chantier, les deux se frappent le poing (salut djeuns local) en lançant, jovials "Hey ! How are you doing mate ! - Not too bad, and yourself ?". Du coup, le Wayne nous a fait nos câbles en priorité et quand Tom lui en apportait un le matin, en début d'après-midi, c'était bouclé. Brigitte Bardot n'en revenait pas.

On a pris le risque de raccourcir l'étai (à l'avant) qui pendait jadis un peu mollement, et avait été compensé en prenant fort sur le pataras et en cintrant beaucoup le mât. En enlevant 5 cm, on a gagné un mât droit à peine ceintré (même si ça se fait sur les bateaux de régate, mais ce bon vieux Grégal n'en est plus à battre des records, n'est-il point ?). L'enrouleur que Tom et Franck (le breton) avaient démonté pièce par pièce (il coinçait au moment d'enrouler) puis remonté en repositionnant les roulements à bille semble fonctionner nickel. Le pataras a été posé lundi, on a retenu notre souffle mais c'était bon, Wayne nous l'avait rallongé en conséquence et on a pu le poser sans souci. Finalement, il ne reste plus que la partie inférieure des galhaubans (sur Grégal, ils sont en deux partie car nous n'avons qu'une barre de flèche) que nous n'avons pas remplacée parce que cela impliquait de changer les ridoirs (Turbulence n'avait pas les bons enbouts). On le fera en Martinique (il faut bien en garder un peu pour la suite du parcours, sinon, on va s'ennuyer, non ?).


Vu sur www.scoutorama.org


Le tout nous a coûté 833 euros TTC. C'est très raisonnable semble-t-il. Surtout qu'ici, il n'y a pas de TVA sur les produits nautiques et que la main d'oeuvre est à environ 25 € de l'heure. Si l'on compte que les gens qui font changer et poser intégralement leur gréement dormant par un chantier en ont pour 1500 à 2000 € minimum, on s'estime très satisfaits.

Voilà donc pour le gréement. Hier, j'ai apporté ma pierre aux travaux en effectuant les connexions électriques du nouveau câble pour les feux de position que Tom a fait passer dans le mât en remplacement du vieux qui nous donnait des feux clignotants (toujours gênant de nuit). Je maîtrise à présent les soudures étain, cosses de connexion et scotch auto-vulcanisant. Aujourd'hui, nous avions prévu de décoller.

La dernière vérification portait sur la jupe en pied de mât (qui assure l'étanchéité au passage coque-pont là où le mât traverse). Quand nous avions démâté, à Sète, on avait positionné des petites cales en bois pour fixer le mât dans l'étembrai. Pour étanchéiser, on nous avait conseillé de confectionner une jupette en néoprène. Or, le néoprène professionnel au mètre n'étant pas donné, nous nous étions rendus chez Decathlon pour acheter trois francs six sous un haut de shorty homme de plongée en promo, qui avait fait merveille pour y tailler une jupette tubulaire de pied de mât. Le problème c'est que le néoprène se gorgeait d'eau sans réellement sécher vite, et que les cales de bois restaient imbibées. Du coup, hier nous avons cru déceler de nouveaux points d'électrolyse (ou de corrosion) sur le mât à la liaison coque-pont à l'endroit des cales. Damned. Aujourd'hui, Tom est donc retourné chez Turbulence pour acheter un produit miracle, bi-composant polymérisé, du même type que le produit "Spartite" vendu plus de 100 euros chez les shipchandlers mais que notre ami Richard (qui doit nous prendre en pitié à la fin) veut bien nous touiller pour un prix modique. Ce produit s'applique en se "coulant" autour du mât à la liaison coque-pont. Une fois la pâte de gomme sèche uniformément, elle devient dure comme du bois pour une stabilité et une étanchéité optimales.

Donc ça nous donne bien 18 jours de travaux pour 18 jours de traversée : un bon ratio, n'est-ce pas ? En vrac :
- ressoudage et pose de la pièce de maintien de la barre franche
- démontage, séchage du sondeur et repose d'un stratifié polyester tout autour
- réparation du génois qui avait cuit sur le point de ragage du balcon avant avec un tissu collant spécial réparation de voiles
- changement de 6 câbles du gréement dormant
- changement du câblage électrique des feux de position
- refonte de la jupe d'étanchéité en pied de mât

Dans tout ça, prenons-nous encore le temps de boire des apéros, nous direz-vous ? La réponse est oui. Nos compatriotes bretons et amis québécois ayant filé en milieu de semaine dernière, nous ne sommes pas restés esseulés très longtemps. Nous avons d'abord eu la visite de l'équipage d'un Super Maramu flambant neuf mouillé à quelques encâblures de Grégal. L'annexe du trio s'arrête à notre hauteur avec cette merveilleuse blague sur les lèvres : "On est en panne... Non, en fait, on vient vous dire bonjour". Mais quelle jovialité ! En fait, le skipper nous annonce tout de go qu'il a un problème avec Max Sea. Il regarde Tom : "Tu connais Max Sea, toi ?". Sur l'affirmative de Tom, il enchaîne, "Bon, hé bien tu viendras à bord voir ce qui cloche avec ma version, qui est pourtant officielle car je l'ai achetée. Tu passes ce soir ?". Manque de pot, nous venions d'être invités par un autre bien plus agréable équipage (des bretons encore!), Gérard, nouvellement retraité, et Philippe, équipier intérimaire recruté par STW. Nous flairons bien le lièvre sur ces propos un peu trop péremptoires mais nous sommes serviables, et cela nous perdra ! Nous laissons donc de côté l'équipage du Maramu pour aller prendre l'apéro le soir même avec Gérard et Philippe avec qui le courant est très bien passé. Ils nous ont même donné (ça c'est de la gentillesse !) leur détendeur de gaz de secours, en entendant qu'on risquait d'attendre longtemps que celui qu'on a commandé nous arrive ! En échange, on les a invité à manger un curry de lambies (la viande des coquillages énormes roses qui s'appellent des conques). On espère bien les recroiser sur la route et pouvoir faire un bout de nav' ensemble, mais pour l'instant ils ont sorti leur bateau, le Betty Boop, pour un carénage bien mérité.
C'est donc le lendemain que nous allons dépanner le Maramu. On arrive, acceuil glacial, même pas dû à la clim' en route. Le propriétaire nous montre son PC portable flambant neuf : "- C'est là". Avec lui, deux amis tout aussi méprisants qui se sont fendus de nous faire un peu la conversation, avec dégoût (on ne les intéresse pas, ces gens-là). Tom passera en tout deux heures a essayer de savoir pourquoi le magnifique GPS du tableau de bord n'envoie pas la bonne position à Max Sea. Au bout d'une heure, il est même allé cherché notre propre GPS USB pour tester. Là, le Max Sea du Maramu a commencé a déconné. Au lieu de prendre son mal en patience, puisqu'on faisait tout pour l'aider, le type se met à s'énerver sur Tom en lui disant que Bravo, maintenant c'est pire, et en le sommant de réinstaller le tout "comme avant". Tom est rentré fulminant, et a mis plus d'un après-midi à se calmer. Heureusement, le soir nous prenions un verre avec nos potes Gérard et Philippe, ce qui a permis de dissiper les mauvaises ondes dans la bonne humeur.

En résumé, partirons-nous demain ? Nous l'espérons, impatients de reprendre notre exploration des archipels et de trouver des petits mouillages paradisiaques. Ainsi, nous aurons de la matière plus agréable pour alimenter nos billets :)


14 janvier 2009

La noix, le rhum et le chocolat

Hier j'ai abandonné Tom, seul vaillant sur le pont pour continuer les travaux, pour me joindre au petit groupe (les québécois et les bretons avec qui nous avons passé le jour de l'an) qui avait prévu une ballade dans l'île, notamment pour visiter une usine de fabrication de chocolat et une usine de production de noix de muscade.


Nous avons pris un bus jusqu'à Saint Georges, puis, par le bus n°2, nous avons suivi la route côtière qui passe par le sud pour atteindre la petite bourgade de Greenville, nichée sur la côte est, plus au nord. Les promenades en minibus sont toujours l'occasion de découvrir l'intérieur des terres de manière économique et intéressante, si toutefois vous avez la chance de tomber sur un chauffeur qui n'est pas à moitié kamikaze. Greenville est plus rustique et plus pauvre que St Georges, mais elle a un charme indéniable. Notre première escale nous a porté vers l'association des producteurs de noix de muscade, juste derrière la place du marché. Dans un grand entrepôt qui fleurait bon le bois et les épices, un gentil monsieur nous a expliqué le processus de production de la fameuse noix, qui a fait les grandes heures de Grenade jusqu'à il y a peu. En effet, Grenade était le 2e exportateur mondial de l'épice jusqu'en 2004, date où l'ouragan Ivan qui a ravagé l'île, a anéanti plus de 90% des plantations de muscadiers... L'entrepôt que nous avons visité ne tourne plus qu'au ralenti, avec une petite poignée d'employés, alors qu'il embauchait auparavant plus de 150 personnes. Le fruit qui porte la noix muscade ressemble à un abricot. Lorsque l'on sépare le fruit en deux apparaît la noix, ronde et brune et entourée d'une membrane filamenteuse rouge vif, d'une texture proche de la cire : c'est le "mace" (macis). Ici, le macis se commercialise tout autant que les noix. Ces dernières sont débarrassées du macis à la main puis séchées pendant 4 jours sur de grands plateaux étagés en bois. Elles sont ensuite triées et calibrées avant d'être envoyées dans le monde entier.

Voici quelques exemples de plats où l'utilisation de la noix de muscade fraîchement râpée fait merveille : classiquement, elle parfume les sauces au fromage ou béchamels, et relève les purées de pommes de terre ou les quiches. Elle s'associe subtilement aux légumes comme les haricots verts, les endives, l'aubergine, les oignons, le chou-fleur, la courge et surtout les épinards (de même pour les soupes). Côté viandes, elle se marrie très bien à l'agneau, aux rôtis de porc (accompagnée de poivre noir moulu), aux plats épicés (tajines ou autres, notamment à base de gingembre et cannelle) et curries de toutes sortes, et même au foie gras. Elle accompagne également tout aussi bien les fromages de chèvre, les punchs, rhums aromatisés et vins chauds, les chutneys, les toasts beurrés pour le brunch, certains fruits comme la banane, le melon et la poire, et enfin, peut s'utiliser dans des gâteaux et desserts (tarte aux pommes, carrot cake, pain d'épice, pâtisseries au chocolat, à l'orange...).

Juste après Greeenville se trouve la "Grenada Chocolate Compagny", petite usine de fabrique de chocolat qui produit, paraît-il, "l'un des meilleurs chocolats noirs au monde". Malheureusement, l'usine ne se visite plus depuis peu, nous l'avons appris à nos dépens, une fois sur place ! On nous a donc renvoyés à Belmont Estate, un petit complexe touristique rural, où l'on trouve, pêle-mêle, une ferme chevrière expérimentale, un musée du chocolat, un jardin aux tortues, une aire de séchage et de fermentation des fèves de cacao, un excellent restaurant de cuisine carribéenne. Sur le bord des routes, il n'est pas rare de croiser des cacaoyers d'où pendent les cabosses renfermant les fèves, celles-ci sont de couleur jaune à rouge foncé. Le chocolat de Grenade est donc fabriqué à base d'une production locale de fèves de cacao. Notre lunch s'étant un peu éternisé en début d'après-midi, autour d'un très bon buffet proposant crudités variées, curry de poisson, ragoût de bœuf épicé, poulet mariné et grillé, purée de courge au gingembre, gâteau d'arbre à pain, crudités en tous genres et glace à la bergamote (NB : la bergamote fraîche se présente sous la forme d'un petit fruit vert, comme un citron vert à pustules. C'est l'écorce râpée qui est utilisée en cuisine) et à la cannelle, nous avons eu la flemme de visionner le film d'explication du procédé de fabrication du chocolat... pour nous précipiter sur l'achat en tant que tel de plusieurs tablettes de de délicieux chocolat qui fond dans la bouche en exhalant des arômes à la fois amers, puissants et délicats.

Pour vous, un petit rappel du process : le cacaoyer produit des fruits, les cabosses, qui renferment chacune de 20 à 50 fèves de cacao. Les fèves de cacao contiennent environ 50 % de matière grasse : le beurre de cacao. Elles sont fermentées puis séchées au soleil avant d'être torréfiées (ce qui permet de dégager les arômes) pour la fabrication du cacao et du chocolat. Les fèves torréfiées sont ensuite concassées et dégermées (elles contiennent un germe non comestible), puis une étape de broyage permet l'obtention d'une pâte liquide : la masse de cacao. Le beurre de cacao est ensuite séparé de la masse par pression. Pour fabriquer le chocolat, on ajoute à la masse de cacao plus ou moins de sucre et de beurre de cacao, pour le fondant.






Il était presque 16 heures quand nous nous sommes résolus - j'ai un peu insisté, je l'avoue - à cheminer le long des routes, sur quelques milles, pour rejoindre la distillerie artisanale de rhum de River Antoine, un peu plus à l'est. Nous sommes arrivés sur le coup des 16 heures 30 et les visites étaient closes... Mais c'était sans compter sur la gentillesse et la bonne volonté d'une hôtesse restée un peu plus tard au bureau ce jour-là pour nous faire faire la visite guidée de ce site incroyable, fondé en 1785.

Ici, tout fonctionne encore avec le matériel d'époque : les cannes à sucre sont broyées sur une meule fonctionnant grâce à un moulin à eau, et le jus clair récolté serpente dans des rigoles en vieille pierre jusqu'aux réservoirs.










Le jus décante un moment dans de grands réservoirs ronds creusés dans la pierre avant d'être transporté à l'étage dans les bassins de fermentation. Lors de la fermentation, sous l’action des levures, le sucre, présent dans le jus de canne, est transformé en alcool. Le jus fermenté est ensuite transféré dans les deux alambics d'époque, en fer, chauffés au feu de bois grâce aux débris de canne à sucre boyée, et les vapeurs passées dans les gros serpentins sont ensuite recueillies sous la forme du futur rhum à commercialiser. Cette distillerie produit trois rhums : l'un, blanc, à 85° (non, personne de notre groupe n'en a acheté ni n'a osé y goûter !) qu'ils n'ont pas le droit d'exporter, l'autre, blanc aussi, à 69°, et un punch épicé où le rhum est mélangé à du sucre et des épices.

Tom, qui a travaillé toute la journée pendant que je batifolais d'une fabrique à l'autre, s'est au moins consolé en goûtant ces deux breuvages, et le rhum blanc à 69° fait merveille pour les ti-punchs ! (personnellement, moi, je le coupe à l'eau pour me rapprocher d'un rhum du commerce autour de 50°).

12 janvier 2009

Produits des îles et petit tour du marché

Les marchés des îles des Caraïbes sont à eux seuls un véritable spectacle. Bigarrés, bruyants, désordonnés, on y trouve toute la richesse des productions locales, à des prix bien plus abordables que ce que proposent les supermarchés, et en gagnant un dépaysement maximum.

Hier, samedi, j'ai fait un tour au marché de Saint Georges, qui est paraît-il très représentatif des marchés caribéens. Ici, les fruits sont à la fête. On trouve bien sûr les incontournables bananes, vendues vertes (pour cuire au barbecue) ou mûres, en régimes entiers. Les bananes plantains sont un peu plus grosses et plus anguleuses, elles servent à tous types de plats salés, et sont excellentes frites, ou au four, en accompagnement d'un poisson par exemple. Les goyaves, papayes, et citrons verts (limes) complètent la collection de fruits tropicaux. Vous imaginez qu'ici, ti-punch oblige, on fait une grosse consommation de citrons verts. Ils diffèrent parfois en taille et en forme de ceux que l'on voit en Europe, et peuvent apparaître sous la forme de petites balles jaunes, ou bien rester bien verts à l'extérieur, alors que la pulpe à l'intérieur est orange vive ! Et il s'agit bien là de citrons verts, le goût ne trompe pas, même si on est tenté de les confondre avec les oranges locales, toutes vertes, mais douces et sucrées. Ce n'est pas encore la saison des mangues, donc nous passerons sur ce délice qui est la base de nombreux desserts du coin.

Côté légumes exotiques, il y a les christophines, à la peau granuleuse, vertes et en forme de poire, parfaites bouillies, en légume accompagnement, ou bien dans les currys, pour donner de la consistance. Le callaloo est un légume vert local, se rapprochant de l'épinard, mais avec des feuilles beaucoup plus grandes, un peu comme des feuilles de blettes. Ils servent à confectionner d'excellentes soupes, notamment lorsqu'on leur ajoute du lait de coco et des épices.

Grenade se fait appeller "l'île aux épices", et bon nombre d'étalages offrent un grand choix allant de la cardamome, au mélange pour curry maison, en passant par le safran, le poivre noir, le cumin, le gingembre, et surtout, produite localement, la noix de muscade.

Facile à préparer aux Antilles ou chez vous, pour un irrésistible goût d'exotisme en plein coeur de l'hiver, voici la terrible recette du poulet farci à la caribéenne, qui nous a tant plu à la Barbade, du temps où notre four marchait encore !

Poulet farci à la caribéenne (cuit au four ou à la cocotte) :

Ingrédients :
- 2 tasse de riz long grain cuit
- 2 cuillères à soupe d'écorce de citron vert
- 4 cuillères à soupe de jus de citron vert
- 1/4 de cuillère à soupe de muscade râpée
- 1/2 cuillère à café de sel
- 1/4 de cuillère à café de poivre noir
- 1 banane, tranchée
- 1 boîte d'ananas en morceaux, jus égouté
- 1 cuillère à soupe de coriandre fraîche hachée
- 1 cuillère à soupe d'huile d'olive
- 1/4 de tasse de raisins secs gonflés dans du rhum pendant 15 minutes
- 1 poulet
- 50 g de beurre
- 1 tasse de bouillon de poule réalisé avec un bouillon-cube
- 1 cuillère à soupe de sucre brun
- 1 cuillère à soupe de rhum brun

1. Mélanger le riz, l'écorce et le jus de citron vert, la muscade, le sel, le poivre, la banane, les raisins au rhum, l'ananas, la coriandre, et l'huile d'olive dans un saladier. Faricir le poulet avec ce mélange, et garnir le plat avec le restant.

2. Préchauffer le four à température moyenne.

3. Graisser le poulet sur toutes ses faces avec le beurre

4. Faire rôtir le poulet une heure à four moyen, jusqu'à ce qu'il soit cuit et doré.

5. Une fois le poulet cuit, recueillir le jus ce cuisson. Préparer le bouillon de poule, le verser dans une casserole, ajouter le sucre et porter à ébullition. Y verser le jus du poulet. Ajouter une cuillère à soupe de farine ou de maïzéna préalablement diluée dans un peu d'eau. Laisser réduire et épaissir. Une fois que le liquide a réduit de moitié, ajouter le rhum.

6. Servir le poulet avec la sauce au rhum à part.

9 janvier 2009

Travaux update

Voici un message qui ne vous fera pas trop rêver mais qui nous permet de vous prouver que le bricolage sur Grégal avance bien. Le sondeur est donc réparé, on a refait un petit coffrage polyester pour bien fixer le tout et miracle ! Il marche toujours nickel. Pour le gaz, on vous remercie de vos diverses solutions toutes plus originales les unes que les autres (cela dit, on veut bien les plans du four solaire par email ! vive le progrès écologique !), et on a donc opté pour nous faire envoyer la pièce de France. Guillaume du chantier Navibois de Sète nous a gentiment proposé de passer commande pour nous et de nous livrer le tout chez l'un des chantiers de Prickly Bay, tenu par des français, qui veut bien faire poste restante. Pour les câbles du gréement, Tom a commencé à démonter les bas haubans. La même boîte, "Turbulence" qui fait poste restante intérimaire est spécialisée en voilerie et gréement, ils ont donc refait deux jolis câbles bien sertis, le problème pour l'instant c'est que l'embout qui s'insère dans la gouge de maintien qui est fixée sur le mât est un peu trop gros en diamètre, et une fois le bas hauban tendu, l'angle du sertissage avec le mât est trop important en haut, il se courbe beaucoup, et on doit donc revoir avec le technicien comment résoudre l'affaire. Cela devra attendre lundi cependant, car ici les entreprises ferment entre 16 et 17 heures. Entre chaque montage, Tom devait aller au chantier récupérer les pièces, et en annexe, il faut bien parcourir un mille, ce qui lui faisait considérablement perdre du temps.

Du coup, nous avons migré à l'intérieur de Prickly Bay pour nous rapprocher du chantier. On est un peu plus dans la verdure, c'est plus sauvage que le bord de plage, et puis on a un nouveau voisinage de voiliers norvégiens et derrière, d'américains. On ne les a pas rencontrés mais ils ont l'air bien jovials, surtout les norvégiens qui sont jeunes. Hier, on a passé un bon moment au bar de la marina à siffler des bières locales en bouteille, des "Carib", avec nos voisins de l'ancien mouillage, deux anglais soixantenaires super sympas, Franck et Graham, qui passent ici deux semaines de vacances sur leur petit voilier "Essex Girl". Franck adore la France, où il possède une maison de vacance près de Tours, et c'est le premier anglais que nous rencontrons qui fait des efforts permanents pour nous parler en français, même s'il débute, c'est trop chou. Ensuite s'est joint à nous un italien baroudeur fou de grimpe puis venu au bateau sur le tard, assez jeune et bien drôle, qui est ici depuis plusieurs mois et qui s'appelle Walter. Tous les cinq on s'est bien marrés et on a passé une fort agréable soirée. Ici, la chaleur est écrasante en journée, surtout lorsque l'on bosse sur le bateau, et ce n'est que vers 16 heures, quand le soleil commence à décliner, qu'on profite un peu de la fraîcheur du soir. Du coup, avec le matin tôt, c'est le meilleur moment pour profiter des Antilles : ça tombe bien, ça colle avec l'heure de l'happy hour :)

7 janvier 2009

La grosse looooze

Expédition à la recherche du détendeur perdu

5,2 mètres. C'est un chiffre qui peut paraître bien anodin mais qui nous a fait bondir de joie, hier. 5,2 mètres, c'est ce qu'a bien voulu afficher notre sondeur, après que Tom l'ait intégralement démonté, rincé et désoxydé, puis posé au soleil pour qu'il sèche. Et là, miracle, le bougre a bien voulu reprendre du service ! C'est un premier soulagement qui, la chance appelle la chance, a été suivi par une autre réussite : aujourd'hui, Tom a récupéré la pièce inox de maintien de la barre qui a été intégralement ressoudée par le chantier de Prickly Bay, tenu par un Français, qui s'avère être très sérieux avec des techniciens compétents. Et le tout pour 45 euros ! Que demander de plus !

Pendant que Tom s'occupait de remonter la barre, je suis partie à la ville de Saint George, toute proche, pour tenter de trouver un détendeur Campingaz de rechange. Bon, je savais que la tâche serait hardue, mais j'avais quand même de l'espoir. Le parcours commence par un petit bout de chemin en annexe, le temps de rejoindre l'autre côté de la baie où se trouvent le chantier et le shipchandler. Là, le jeune conseiller du ship a essayé de me proposer tout un système pour essayer de faire marcher un adaptateur de gaz américain sur notre installation mais cela a un prix exhorbitant : hé oui, ici, il n'y a rien de Campingaz Butane, seulement des bouteilles propanes made in USA ! A bon entendeur... Prenez tout ce que vous pouvez en pièces de rechange pour votre installation de gaz / cuisinière, au risque de vous retrouver à manger des sandwiches jusqu'à atteindre la Martinique ! En désespoir de cause, il m'a indiqué le shipchandler de Saint George, à quelques kilomètres de là.

Donc, je poursuis mon chemin par l'attrapage au vol d'un bus en direction de la ville. En fait, ce n'est guère difficile : les bus ici sont des mini-bus (type Matatu africain mais en bien meilleur état) qui klaxonnent à tous les coins de rue pour rameuter les clients : on ne peut pas les rater ! Donc par exemple, un type marche dans la rue et le bus le klaxonne ! Une dame est sur le palier de sa maison : le bus la klaxonne ! Et j'ai même vu : des enfants en uniforme d'écoliers sortent de l'école : le bus les klaxonne ! Véridique ! Le prix est modique : 2,5 dollars EC par course (0,7 euros) ou 5 euros depuis Prickly Bay jusqu'au centre ville de Saint George. Par contre, le chauffeur est à tout les coups un sympathique rasta qui a décoré son bus avec de la vieille tapisserie à l'anglaise à grosses fleurs (sans doute pour faire chic), et, pour l'égayer, a collé par dessus tout un fatras de cartes postales. Enfin, le reggae qu'il vous passe est tellement fort qu'il faut hurler pour lui faire entendre l'endroit où vous voulez descendre, ou, mieux, mobiliser les passagers devant vous pour créer une chaîne humaine qui portera le message jusqu'aux oreilles du conducteur mélomane.

Le shipchandler de Saint George se trouve sur le "lagoon", une jolie petite lagune entourée de maisons proprettes et de restaurants, où se trouve le port. Plus loin, la ville de Saint George. Malheureusement, le patron, un vieil anglais à lunettes, a été catégorique : impossible de trouver le moindre accessoire ou la moindre bouteille Campingaz avant la Martinique ! Bon, j'étais bredouille, et ce piètre résultat risque fort bien de nous conduire tout droit à 2 mois non-stop de sandwiches et de café lyophilisé froid, le rêve ! Avant de rentrer au bateau, j'ai quand même essayé de trouver des choses utiles, histoire de ne pas arriver les mains vides, comme un câble réseau croisé (on en cherche depuis des lustres !) pour récupérer les données de l'ordi HS de Tom, et un pot de Nutella, denrée ultra rare ici qui d'ailleurs a ravi le Tom. Ce soir, on s'est dit qu'on allait essayer de commander un détendeur en France et de se le faire livrer, on ne sait jamais...

6 janvier 2009

Grenade : y arriver ou la lancer ?

Alors oui, nous nous sommes un peu endormis sur nos lauriers ces temps-ci, et la fréquence entre deux messages s'est ignominieusement allongée... Mais nous avions pour cela de bonnes raisons ! Si-si ! Même au milieu des Caraïbes ont peut avoir une to-do list impressionnante !

Voici donc les dernières nouvelles. Pour vous exclusivement (et pour Signore Alberic qui a relevé très à propos notre -temporaire- apathie). Nous sommes donc à Grenade depuis le 3 janvier. Nous sommes partis de la Barbade le 2/01 en fin de matinée, et après une petite traversée de 150 milles sans encombres, à savoir, par un joli vent de nord-est de 20-25 nœuds, et en ayant eu à essuyer seulement quelques petits grains, nous avons jeté l'ancre au sud de l'île de Grenade, dans la jolie "Prickly Bay", dite "l'Anse aux épines". Autour de nous, des dizaines et des dizaines de bateaux de voyage flottent mollement dans l'eau bleue (bon, comme on ne peut pas tout avoir, l'eau n'est pas aussi cristalline qu'à la Barbade, et on n'a pas encore vu de tortues de mer, qui là-bas nageaient nonchalament sous votre nez). En face de nous, une plage où les palmiers se balancent doucement dans la brise, et tout autour, de magnifiques demeures dans un écrin de verdure. Voilà pour le tableau. Pas déplaisant, me direz-vous. Et bien figurez-vous que si, nous avons trouvé quelque chose de déplaisant ici : les agents des douanes.

Nous sommes donc arrivés un samedi et le temps de mouiller proprement l'ancre, gonfler l'annexe, se peigner un peu, il était trop tard quand nous avons mis pied à terre et les bureaux des douanes étaient fermés. Petit rappel : lorsque l'on atterrit dans un pays étranger en bateau, il faut se plier à la coutume de la "clearance", procédure que l'on effectue auprès des "customs" (douanes). Le rituel est toujours le même : affreusement long, ennuyeux et souvent couteux. D'abord, il s'agit de trouver les bureaux des douanes et de l'immigration, qui bien souvent se situent à 2 kilomètres du lieu où vous avez mis le bateau. Ensuite, on vous demande de remplir, munis de votre Acte de francisation (= les papiers du bateau), un formulaire qui liste les caractéristiques du bateau et de l'équipage. Ensuite, il vous faut vous diriger vers les bureaux de l'immigration (qui évidemment ne sont pas les mêmes que ceux des douanes) pour faire tamponner vos passeports. Enfin, à l'entrée ou à la sortie - car, heureux plaisanciers que vous êtes, vous devez à chaque fois faire une clearance d'entrée et une de sortie, quand vous quittez le pays - on vous demande de payer une somme qui va de 5 à 30 euros.

Nous avons aussi ouï dire, car ces histoires de clearances sont un sujet de conversation inépuisable chez les navigateurs (imaginez la procédure à répéter à chaque île, tous les 10 kilomètres !), que si l'on vient s'enregistrer en dehors des heures de bureau, par exemple le weekend, on est puni par un "over due" de frais supplémentaires à s'aquitter pour avoir eu le toupet de venir déranger les officiers au mauvais moment. Dimanche matin, nos compagnons du Austral et nous-mêmes avons donc eu la réflexion suivante : si on va les déranger le dimanche, on paiera le "over due". Or, tout bon navigateur n'aime pas jeter son argent par les fenêtres de l'administration douanière. Nous avons donc attendu le lundi matin. Et pour être sûrs, les capitaines ont envoyé leurs femmes en bataillon de front pour s'enregistrer aux douanes.

Nous arrivons donc, petite robe gracieuse comme il se doit, Floriane et moi, auprès des "customs" - en réalité un espèce de bungalow jaune vif où soupirent deux officiers qui comptent les minutes. Seulement là, l'officier a pris son air inquisiteur (enfin, autant qu'il a pu car il était un fort piètre acteur en vérité) en nous disant : "Où se trouvent vos bateaux ?". Nous de nous précipiter : "Oh ils sont juste là, regardez, le vieux de 10 mètres là et plus loin le petit en alu". "Ah oui - fait l'officier, je sais bien, j'ai vu ces deux bateaux nouveaux depuis hier". Et là, l'officier de froncer les sourcils et de poursuivre : "Voyez-vous, mesdames, si c'étaient vos maris qui étaient venus, nous leur aurions parlé avec la dureté qui est de mise dans de telles circonstances. Avec vous, nous nous contenterons d'êtres clairs et inflexibles. (Probablement parce qu'ils sont galants ! ndla). Vous êtiez donc là hier et vous n'êtes pas venus vous enregistrer. Or, la loi précise que vous avez un délai de deux heures pour le faire, une fois que vous avez mouillé l'ancre dans nos eaux territoriales". Nous de ne pas nous dégonfler : "Oui mais on est venus hier en fin d'après-midi (ce qui était vrai seulement pour Austral) et vous étiez fermés". Et l'officier de répliquer : "Certes, mais nous étions ouverts le matin". Bon, résultat, ils nous ont d'abord agité le chiffon rouge d'une grave amende de 10 000 dollars EC (Eastern Carribean) pour avoir enfreint la loi mais, comme nous étions des dames, ils ont expliqué qu'ils se contenteraient de nous faire payer 40 dollars EC (environ 12 euros), à savoir "20 pour moi et 20 pour lui (l'officier de l'immigration du bureau d'en face". Procédure on ne peut plus fumeuse quand on voit que sur le reçu qu'ils nous donnent après enregistrement, on est censé avoir payé la somme officielle (soit 40 dollars de moins). Bon, on était pas là pour tortiller, mais ce type d'intervention douteuse est malheureusement monnaie courante dans les Caraïbes, il paraît.

Enfin ! De retour sur le bateau, Tom et moi avons dû nous rendre à l'évidence : la liste des travaux à faire pour entretenir ce pauvre vieux Grégal s'allonge irrémédiablement. Il nous faut, entre autres, changer l'intégralité du gréement (pour être plus en sécurité), faire resouder la pièce d'inox qui maintien la barre car elle est fendue, réparer le génois qui commence à se fendiller sur le point de ragage qu'il y a avec le balcon avant quand le génois est en grand, réparer le feu de position qui se met à clignoter la nuit sous les grains, réparer le sondeur qui ne veut plus rien afficher (on a dû mouiller avec cette bonne vieille sonde à main quand on est arrivés à Grenade, sonde qui est composée d'un lest de plomb au bout d'une ficelle graduée tous les mètres, je vous dis pas comme c'est pratique), réparer le pilote qui buggue toujours au soleil, refabriquer un sac à spi, changer la chaîne d'ancre pour la remplacer par la neuve qu'on avait achetée à Las Palmas de Gran Canaria, et enfin, trouver un nouveau détendeur Campingaz pour notre bouteille car il est si usé qu'il ne régule plus la pression du gaz ce qui crée une véritable torche dans la cuisinière dès qu'on allume les brûleurs... Enfin vous voyez, on va être bien occupés les prochains jours... Heureusement que le soleil est là pour nous donner du courage pour nous mettre au boulot !

(Non, je n'espère pas que ces quelques mots défaitistes vous consolent d'être retournés au travail après les vacances de Noël et les fêtes... J'essaye juste de dire que nous aussi, on a un plein sac de soucis en attente dans nos cales, Morbleu !).

5 janvier 2009

Bonne et heureuse année à tous !

Oui... C'est un peu tard, mais on se rattrape en vous souhaitant à tous tout le meilleur qui puisse être pour cette année 2009 ! Que la pêche, le bonheur, l'amour et la chance soient avec vous ! Et surtout n'oubliez pas de laisser libre cours à vos projets les plus saugrenus ! On pense à vous !