30 octobre 2008

Here comes the sun

A vous tous qui êtes sous la flotte, ou bien encore pire sous la neige. Le froid transperce vos vêtements et malheureusement le syndic n'est pas encore intervenu pour mettre en route la grosse chaudière de l'immeuble ? J'ai ce qu'il vous faut pour vous mettre la pêche même dans ces conditions difficiles. Quoiqu'il en soit, nous vous soutenons de tout cœur et partageons votre tristesse.

Sailor killing applications

Je profite d'avoir Internet à volonté dans le bateau pour faire un billet sur les logiciels de navigation que nous utilisons à bord de Grégal.

Cartographie :
  • Maxsea (avec les cartes vectorielles du monde entier) couplé à un GPS USB. Ce logiciel est payant mais il paraitrait que certains aient réussi à se le procurer à moindre frais sur des réseaux P2P que je ne nommerai pas...
  • OziExplorer (avec des cartes papiers scannées) couplé à un GPS USB. Ce logiciel est également payant. Il est très utile pour justement visualiser les cartes papier. Nous nous en servons surtout pour regarder les photos satellites de la NASA. Ces photos ont l'avantage de donner un aperçu du coin, ce dont les cartes marines sont incapables.
Météo :
  • UGrib + Iridium (voir le billet posté précedemment). L'expérience montre que le téléchargement d'un grib avec des prévisions sur 5 jours (toutes les 3 heures: soit 40 étapes sur 5 jours) prend environ 3 minutes pour une zone d'environ 200 ou 300 milles nautiques carré.
  • zyGrib (free software) quand on a une connexion Wifi (je n'ai pas réussi a télécharger les gribs via l'Iridium avec ce logiciel). zyGrib ramène des gribs plus étoffés que ceux téléchargés via UGrib, avec par exemple, la température, la nébulosité et l'humidité relative. Par ailleurs l'interface graphique est des plus agréable et il s'installe en toute simplicité sur une clé USB (pratique dans les cyber). Le développement de zyGrib semble très actif et les versions se succèdent rapidement.
Marées :
  • Toujours Maxsea et accessoirement "Marée dans le monde" (freeware) qui offre des fonctionnalités intéressantes comme celle liée au problème de mouillage et d'échouage.
Internet :
  • Une antenne Wifi (7dBi) d'environ 35 cm de haut posée sur le pont. Elle est branchée sur une clé wifi USB (cable coaxial) et nous permet de capter beaucoup plus de réseaux que n'importe quel autre clé wifi classique. Porté maximum d'environ 500 mètres.
  • Pour s'abonner aux hotspots wifi, je vous suggère de lire ce billet.
Photographie :
  • Pour la retouche photo: Capture NX (payant) pour les Nikonistes et The Gimp (free software). Picasa (freeware) pour gérer les galeries et faire l'export web.

Voilà, je crois que je n'ai rien oublié ! Mais vous ? Vous utilisez quoi dans votre bateau ?

29 octobre 2008

Oh La La !

Y'a pas à tortiller : une année sabbatique de voyage en bateau n'est pas une infinie succession de mouillages superbes ceints dans un écrin de paysages grandioses. A certains moments, il faut bien l'admettre, on mouille son ancre dans des coins un peu moins poétiques, pour des motifs qui le sont encore moins : faire un petit avitaillement ou se poser dans la perspective annoncée d'un coup de vent intempestif. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés au mouillage derrière le port de Arrecife (Puerto Naos). Nous avions quitté Graciosa et la torpeur de ses dunes sablées pour cause de manque d'eau (douce dans les réservoirs, cela s'entend). Quelques milles plus loin, nous longions l'île de Lanzarote à la recherche d'une marina. Sans guide nautique pour confirmer ou non l'intérêt des haltes potentielles, et le vent forcissant en cette fin d'après-midi, on s'est dit que ce mouillage derrière une digue où se trouvaient déjà 5-6 bateaux de voyage ne devait pas être si mal. A notre arrivée, l'un d'entre eux nous a crié depuis son pont qu'il fallait se méfier des corps-morts à disposition (matérialisés en surface par des bidons en plastique flottants) car leur tenue variait du tout au tout sur des fonds qui plus est incertains. Par sécurité, nous avons mis l'ancre en plus, histoire d'être sûrs de ne pas chasser.

On n'avait pas sitôt fini notre rituel de rangement post-navigation qu'un type nous faisait de grands signes depuis son bateau un peu plus loin, signes hautement efficaces de suggestivité consistant à brandir un pouce d'auto-stoppeur à l'envers en direction de la bouche. Cinq minutes plus tard, nous étions sur le petit voilier de Karsten, allemand retraité parfaitement bilingue français, pour déguster une bière réparatrice. Karsten est jovial et très volubile. Il nous dit comme pour se justifier qu'une appproche de mouillage intelligente et bien réussie mérite apéro. Il nous donne des tuyaux sur la ville d'Arrecife comme : où sont les supermarchés, les shipchandlers, où acheter des guides nautiques, où attacher son annexe pour aller se ballader et où éviter de la laisser... Le voilier de Karsten fait moins de 6 mètres mais il a déjà traversé l'Atlantique depuis deux ans qu'il est à l'eau. A l'intérieur, un enchevètrement de matériel électronique de navigation impressionant pour l'espace disponible : Karsten s'intéresse à tout ce qui se branche et fournit des données (AIS, GPS, radar...), et il nous a même revendu son antenne wifi de hacker qui permet de capter les réseaux à 500 mètres de distance. Un truc dingue qui tombe à point nommé pour nous éviter le traditionnel pélerinage au cybercafé.

La ville d'Arrecife est plaisante sans pour autant afficher une grâce ostentatoire. Ici, on se contente d'un bord de mer propret avec quelques massifs fleuris, une grande rue piétonne, et des bars / restaurants tout ce qu'il y a de plus classique. Le petit "plus" qui ne manque pas de charme est de cheminer en annexe jusqu'à l'extrême Est du mouillage, ce uniquement à marée haute. On passe sous des petits ponts de pierre qui nous amènent tout droit a El Charco, un petit lac intérieur au cœur de la ville, peuplé de barques de pêche. (Le deuxième "plus" : depuis El Charco on est à 50 mètres de l'Hiperdino, le gros supermarché du coin, ce qui permet de faire de gros avitaillements sans porter les courses sur deux kilomètres, option de base si on laisse l'annexe aux quais du mouillage). Autre intérêt de Arrecife, c'est la halte à la boutique Kopi Center qui donne sur le bord de mer. Ici, on vous proposera des photocopies intégrales des plus grands guides nautiques du monde entier, pour à peine un tiers du prix de l'ouvrage, et livrés sous la forme très correcte d'un manuel A4 relié avec couverture en couleur s'il vous plaît. Nous en avons profité pour acheter 20 euros le guide Imray des îles de l'Atlantique qui nous servira tout autant aux Canaries, qu'au Cap Vert ou aux Açores.

Le jour de notre arrivée à Arrecife, au retour de notre première virée en ville et au supermarché Spar du coin, alors que nous rejoignons notre annexe amarée à l'un des pontons du mouillage, nous tombons sur les propriétaires d'un bateau-voisin, un flamboyant petit trimaran jaune très aérodynamique qui répond au nom rigolo de "Oh La La" - ce qui n'est pas pour nous déplaire car nous aimons les patronymes de voiliers qui ne se prennent pas au sérieux (au fur et à mesure des rencontres, nous commençons à constater l'existence d'un parallélisme entre le nom du bateau et le caractère du propriétaire mais cela reste à vérifier plus empiriquement). La dame est donc debout au bord du ponton avec de l'eau jusqu'à la taille. Le monsieur a l'air ennuyé. On croit d'abord à un accident : il manque plusieurs planches à la passerelle qui mène au ponton, formant des trous béants par lesquels on peut aisément passer si on loupe son approche. Mais non : leur annexe a été malmenée par les gosses qui traînent près du quai (probablement retournée tête en bas), elle a pris l'eau, le moteur refuse de redémarrer et les pagaies sont tombées au fond. Comme quoi, il n'y a pas de situations-types pour lier connaissance. C'est ainsi que nous proposons à Jacky et Marithé de les remorquer, proposition qui se solde par un apéro à bord du joli bateau jaune. Nous passons un très bon moment à rire et à échanger des anecdotes de voyage (sutout les plus foireuses, qui sont celles qui mettent le plus d'ambiance une fois relatées). Jacky et Marithé sont un couple hautement dynamique, en retraite depuis peu, avec une gouaille et une bonne humeur contagieuse. Jacky est un personnage particulièrement haut en couleurs : il tient à la fois de Bigard dans l'humour, Johnny dans le profil, Antoine dans la coupe de cheveux mi-longue et Magnum dans la moustache. On apprécie leur état d'esprit ouvert et aventurier qui leur donne 15 ans de moins que leur âge.

De fil en aiguille, nous restons plus longtemps que prévu au mouillage. La sympathie des équipages voisins contribue d'ailleurs grandement à notre sédentarisation. Du reste, nous n'avons toujours pas trouvé d'eau douce, mais ce n'est pas dramatique : nous économisons les quarante litres qui nous restent en fond de cale, car voilà enfin le Grand Voyage qui commence, avec ses rencontres improvisées riches d'échanges !

21 octobre 2008

Graciosa

Nous avons peu dit sur Graciosa. Première petite île au nord-est de l’archipel des Canaries, Graciosa étend sa surface aride au milieu d’eaux claires et de falaises brunes. La délicatesse suggérée par son nom délicieux n’est pourtant pas visible au premier abord. Il faut plisser les yeux sous la lumière blanche et se pencher pour, au milieu des dunes de sable blond et des buissons d’épineux, la retrouver dans la fragilité des minuscules plantes grasses qui vivent là, offrant timidement leur petites feuilles ourlées et velues et leurs fleurs blanches graciles au regard de celui qui sait observer. Graciosa n’est pas très vaste : on en fait le tour à vélo. Les roches du rivage ont cette couleur noire de la pierre volcanique et leur découpage est des plus intéressants. Il forme des petites cuvettes qui se remplissent quand la marée se retire. Le sable est fin et blanc. De la plage, on peut rejoindre le petit village de La Sociedad à pied. Toutes les maisons sont basses, carrées, et recouvertes de chaux blanche. Les volets sont du même bleu vif que celui des constructions grecques ou tunisiennes. Dans le village, un modeste port où, on l’a entendu dire, les services (eau, électricité) sont très limités et que pour cette raison les bateaux de voyage se trouvent tout aussi bien au mouillage. Il y a quelques restaurants, mais la plupart sont fermés pour vacances. Les habitants sont souriants, avec les pommettes hautes et le teint halé de leurs cousins des Andes. Les vieux portent de drôles de chapeaux ronds en paille, qui rappellent le traditionnel couvre-chef rouge péruvien. Quand le soir tombe, on regagne la plage par un chemin de sable. A Graciosa, il n’y a pas de routes goudronnées. En chemin, on croise des surfeurs avec leur planche sous le bras.
Aujourd’hui, nous sommes montés en haut de l’un des deux volcans de l’île. Une petite marche d’une heure nous a portés sur le somment volcanique rouge et pelé qui culmine à 171 mètres ( !). A peine le temps de sortir nos sandwiches que le brouillard envahissait tout, pour être suivi d’un grain agréable, puisque même sans soleil la température avoisine les 25 degrés. Il n’empêche, c’est la première petite randonnée que l’on s’offre après deux mois et demi de voyage !
Je terminerai juste par l’innovation du jour : la fixation d’un minuscule barbecue sur le balcon arrière. Le barbecue en question a été acheté une misère dans une brocante, c’est un barbecue de voyage dont le diamètre permet tout juste de faire griller 4 sardines, ce qui pour deux est parfaitement satisfaisant. Quel plaisir ça va être de rôtir à domicile les poissons tirés de notre pêche !

20 octobre 2008

Arrivee a Graciosa

Nous voila aux Canaries ! Un peu excentrees mais deja on sent le parfum de l'Amerique latine. On a mouille ce matin pres du port, et ce soir on explore le petit village-centre, avec ses maisons basses blanches et bleues et ses ptits cafes sur la mer. Ca a l'air desertique, l'eau est bleue, le coin baigne de soleil et les volcans nous font de l'oeil...

19 octobre 2008

News fraîches de 29°56N, 12°23W

En approche de Graciosa (Iles Canaries) : 75nm, cap 235°. Bonnes conditions météo depuis le départ d’Essaouira (10/15 noeuds N-NO), mer peu agitée, vitesse moyenne de 6 noeuds. Beaucoup d’altocumulus et quelques altostratus ce soir dans le ciel, le baro est tombé à 1007hpa,
la perturbation arrive doucement, on perçoit un petit grain à environ 10nm, plein ouest. Heure d’arrivée estimée à 7h00 UTC. Tout va bien mais pas de poisson dans la casserole pour le diner.

Zigzag entre la pluie et le porte container.


L'echo à 3h c'est un porte container. Les 2 grosses "tâches" sont les zones ou la pluie tombe dru.

15 octobre 2008

Petit tour dans Essaouira...

Nous sommes toujours à Essaouira. Il y a pas mal de vent depuis deux jours, force 5 à 6 mais au large, ça atteint les 7 Beaufort. Nous avions prévu de partir hier mais le « Département de la météo d’Essaouira » (i.e. un monsieur moustachu assis derrière un vieux bureau en formica posé sur un champ de gravats dans une grande pièce toute vide au milieu d’un bâtiment en réfaction) nous a conseillé d’attendre 48 heures. Ce n’est pas grave, nous sommes bien ici. C’est aussi l’occasion de vous faire faire un tour de la ville. Tom a assuré la couverture de Essaouira-by-night avec de remarquables photos, je me suis donc chargée de photographier Essaouira-le-jour pour ce billet (sauf, ave Cesar, le terrible cliché de la tour). Allez venez, on y va !

D’abord un coup d’œil panoramique sur la baie, dès lors que l’on passe la tête par la descente de Grégal qui est toujours au mouillage. La plage de sable est déserte et s’étire sur un bon kilomètre. En fond, peu de bâtiments, puis très vite un paysage de collines pelées. Quelques windsurfeurs qui n’ont pas froid. A droite, l’ouverture sur l’Atlantique. Il y a à l’entrée de la baie deux petites îles étirées qui découpent leur silhouette noire sur fond de ciel blanchi. Puis on monte dans l’annexe. Le clapot est toujours un peu gênant quand on se dirige vers le port : avec ce vent qui arrive des terres, les éclaboussures viennent à tous les coups vous rafraîchir les genoux. On attache le dinghy au quai, entre le zodiac noir dégonflé de la gendarmerie nationale et le vieux rafiot de sauvetage en mer peint en rouge, qui ne sort pas beaucoup semble-t-il. Les pêcheurs s’activent toute la journée sur ces chalutiers d’un autre temps en bois écaillé. Ils sont si nombreux, ces bateaux, entassés dans le minuscule port pas plus grand qu’une place de village, qu’on se demande comment ils tiennent tous. Les mouettes sont là et veillent au grain. Faudrait pas qu’une sardine évadée d’un filet leur échappe. Elles jacassent à tout crin et leurs cris se perdent au-delà des murs de la médina. On remonte du quai par une passerelle en bois. Il faut éviter les lourds cordages qui pendent ça et là. Lassen, le petit gars-à-tout faire du port, nous nous aperçoit et nous gratifie de son habituel « Hé-mon-ami ! ça va ? » avec un signe de la main. En longeant le bassin du port, on passe devant le restaurant « Chez Sam ». La devanture peinte en bleu est proprette mais il paraît que l’on y mange mal pour bien cher. Dans le bassin, près d’une vingtaine de petites barques bleues sont amarrées, prêtes à aller relayer celles déjà en mer. Ce sont les sardiniers. Au retour de la pêche, les travailleurs sortent les cageots et vendent le poisson à même le sol, à des prix dérisoires. Ça pue le poisson en décomposition, qui se mêle aux odeurs d’épices qui arrivent de la ville. Ça et là, des ouvriers rafistolent les bateaux en bois ou reprisent les filets.

Pour entrer dans la médina, on passe par une vieille porte fortifiée qui date du 18e siècle. Il y a à droite et à gauche de la muraille deux tours carrées de style Vauban (apprendrais-je), avec des petites tourelles aux quatre angles, les mêmes que celles du château de Salses près de Perpignan. La porte passée, on arrive au marché aux poissons. Les pêcheurs y vendent le poisson frais aux locaux ou aux touristes. Bien sûr dans ce dernier cas, le prix est le double. C’est un peu la cohue. Il y a des types qui passent en poussant des charrettes en bois, chargées de diverses provisions. Avec l’incessant balai des mouettes au dessus de nos têtes, on a toujours peur de se prendre une fiente inopinée. De l’autre côté du parapet, la plage et ses rochers, et ses couples d’amoureux qui déambulent. Sur le parapet, les pêcheurs qui vident le poisson qui a été acheté. Juste à côté, des petits stands en toile rayée bleue et blanche, qui s’appellent « La Rochelle » ou « Ouessant ». C’est là que l’on peut s’attabler et où l’on sert le poisson tout juste grillé au barbecue devant vos yeux. C’est « L’Association des grilleurs de poisson » qui s’en charge. On peut choisir la boutique que l’on veut, mais les prix sont fixés et sont partout les mêmes.

En continuant, une immense place pavée, baignée de lumière. C’est la place Moulay Assan, la place centrale. En bordure de la place, on trouve des bars et cafés essentiellement prisés par les touristes. Devant, on aperçoit le minaret de l’une des nombreuses mosquées de la médina. A midi, les hauts-parleurs grésillent et on entend le chant du muezzin. En prenant tout de suite à droite, on entre dans le dédale des ruelles qui se croisent, perpendiculaires, en un savant assemblage. On passe devant la pâtisserie « Chez Driss », celle qui doit faire le plus gros chiffre d’affaire vu sa localisation, mais en cherchant on trouve dans la médina de nombreuses autres petites boutiques qui vendent aussi des gâteaux, avec des vitrines certes moins attirantes. La rue principale c’est la rue Sidi Mohammed Ben Abdellah. Tout le long, on trouve des échoppes pour touristes, proposant pêle-mêle articles en cuir, sacs et paniers, poteries et plats à tajine, lunettes de contrefaçon Dior ou Gucci, bijoux berbères ou non - mais certifiés en argent massif dans tous les cas - avec ça et là des pressings, des kiosques à journaux, des petits troquets à sandwiches (ici, c’est charwarma poulet-fromage dans une galette roulée sinon rien !). La rue est toujours en effervescence. Les touristes vont et viennent en short et tatanes, les vendeurs essayent de racoler le client : «Français ? Deutsch ? Berbère ? » (nb : malgré ses boucles décolorées, on a quand même fait le coup du "berbère" à Tom). Au coin de ruelles plus obscures, des rastas déguingandés et souriants te proposent du « hash ou de l’opium ». En prenant à droite, dans l’une des rues perpendiculaire, on trouve l’un des les Bain Douches de la ville, tout au bout d’une allée encombrée de tapis colorés. C’est là où nous allons prendre notre douche chaude, quotidienne pour un euro. Les cabines de douche individuelles sont très propres et carrelées de rose et de beige, imitation marbre, mais le sol dans le couloir mal éclairé, c’est du béton brut.

En sortant, si on tourne encore à droite, on arrive sur la grande artère parallèle à l’avenue Sidi Mohammed. Elle est très large, bordée de palmiers et de plusieurs hôtels qui ont dû jadis faire la fierté de la ville. Aujourd’hui, le crépi part en miettes mais le charme est toujours là. Ensuite, il faut passer une première porte, et on arrive dans le quartier des petits bazars qui vendent des articles de cuisine et plastique et des sacs en osier. Sur le côté, le cyber où l’on est allés régulièrement depuis notre arrivée. Il se trouve au deuxième étage d’un bâtiment défraîchi, et l’accueil est des plus chaleureux même si les vieux PC plantent plusieurs fois par heure. En continuant sur l’avenue, on passe une deuxième porte. Là commencent les quartiers populaires de la médina, où l’on trouve les marchés pour la nourriture. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne, la proportion de touristes diminue. Il y a les bouchers, qui suspendent les carcasses de viande au dessus de leur comptoir, ou bien alignent les poulets sur un fil. Les mouches volettent tout autour. Ici, une bonne côte de bœuf de 500 grammes vous coûtera 3 euros. Plus loin, les vendeurs de fruits et légumes. On trouve des courgettes, des aubergines, des patates douces, de très belles tomates, des haricots verts et des petits pois, des bananes, des coings. Les oranges ne sont pas très colorées, elles tirent sur le vert, mais ça ne les empêche pas d’être douces et juteuses. Si on tourne à gauche, on arrive dans des marchés couverts, sur de la terre battue, où là c’est certain vous ne verrez pas un touriste. On y trouve encore fruits, légumes, poulaillers. Il y a des vieux qui vendent des œufs assis par terre. Il vous les servent dans des sacs en plastique. Il y a aussi des mamas qui vendent des bouquets de menthe fraîche, de persil ou de coriandre, pour un dirham pièce (dix centimes d’euro). Avec tout ce petit monde, c'est le langage des mains qui prévaut. Ce que je préfère, ce sont les étals de fruits secs : véritables cascades de dattes, abricots secs, amandes, graines de sésame en plusieurs qualités et calibres, et on ne sait jamais lesquels choisir. Derrière le souk des légumes, le marché aux poissons et aux épices. Ici le poisson est étalé sur des planches en bois ou présenté à même le sol, le chats se promènent avec des têtes de sardine dans la gueule. Le poisson ici est moins frais que sur le port : il sent fort. Les poissons, entassés et visqueux, sont tous mous et semblent avoir dépassé la date de péremption. Le souk à épices est plus chatoyant. Des pyramides d’épices se dressent, parfaites, devant les bocaux. Un vendeur m’a cependant expliqué que ce n’est que pour la déco. On trouve du ras al hanout avec jusqu’à vingt-cinq épices différentes. Sinon, cardamome, thé à la menthe, poivre noir, piment, curry, sont toujours présents. On voit aussi les produits issus de la culture berbère : rouge à lèvre traditionnel dans des pots en terre cuite, plante à cure-dents, pierre d’alun, « plante pour maigrir », « plante pour grossir »…

En revenant sur nos pas, on peut prendre n’importe quelle ruelle à droite. Si on continue tout droit, on arrive dans les quartiers ouest de la médina, à mon sens les plus beaux. Ici les allées sont tranquilles. L’une des rues les plus connues est « La Skala », étroite ruelle longeant la muraille qui la protège des assauts de l’océan. Au bout de la Skala, on peut monter sur les remparts. C’est là que Tom a fait beaucoup de photos de nuit. On longe un vaste surplomb où sont alignés des canons. Entre chaque créneau de la muraille, on a une vue imprenable sur l’océan. Les vagues se fracassent avec violence sur les rochers en bas. Au loin, on voit toujours une barque ou un chalutier à la pêche. Les locaux se retrouvent là pour discuter, assis sur les murets. En bas de la skala, sur les pavés, on trouve les boutiques des artisans les plus talentueux de la ville. Derrière les portes en bois, sous les voûtes, ils exposent leur marqueterie en bois de tuya (d’une remarquable précision et finesse), si bien polies qu’on peut voir son reflet dans chaque pièce. Il y a aussi les tisserands, qui confectionnent sur des métiers à tisser manuels de splendides étoles, couvertures et foulards, en coton et soie de cactus. Les couleurs sont éblouissantes. Ici, les vendeurs sont moins insistants. Ils causent volontiers de leur savoir-faire sans essayer de vous vendre quelque chose à tout prix.

Quand vient le soir, on peut se réchauffer avec un thé à la menthe et tester l’un des multiples restaurants de la ville. Pas toujours évident de faire son choix mais le traditionnel menu à 50 dirhams (5 euros) salade marocaine – tajine de poulet au citron confit – salade d’oranges à la cannelle remporte un vif succès. Ah… Essaouira va nous manquer…

11 octobre 2008

La pluie et le pavillon

Ce matin il s’est mis à pleuvoir, l’occasion de remarquer que quand il pleut, le port d’Essaouira devient d’un coup silencieux. Plus de mouettes, plus de cris de pêcheurs, plus de bruits de moteurs. Même les chats sont allés se planquer.

Nous étions tranquillement en train de terminer notre petit déjeuner quand quelqu’un a frappé à notre coque. Tom sort la tête. C’est un agent des douanes qui lui demande de venir. Tom disparaît puis revient 3 minutes plus tard : il vient de se faire généreusement sermonner pour l’absence de pavillon marocain hissé sur notre bateau. En effet, nous avions en tête depuis notre arrivée de nous procurer un drapeau, mais aucune boutique de la médina ne s’apparentait de près ou de loin à un magasin de marine susceptible de vendre des pavillons de courtoisie. Nous avions donc un peu molli dans notre prospection. Sauf qu’au Maroc, il ne s’agit pas de courtoisie : c’est la loi et c’est obligatoire, et notre négligence aurait bien pu passer pour une infraction sujette à PV. Ce que l’agent s’est fait un plaisir de rappeler sévèrement à Tom. Les plates excuses qui lui ont été servies (« Nous sommes désolés, mais nous n’en avons pas encore trouvé ») n’ont conduit qu’à envenimer les choses (« Mais vous n’aviez pas de pavillon marocain à bord ??? »). Résultat : malgré la pluie, Tom sort fissa arpenter la médina à la recherche du précieux drapeau. Il a quand même la présence d’esprit de se munir du parapluie en partant. Entre-temps, la pluie s’amplifie et tout le port se retrouve enveloppé d’une froideur mouillée digne d’un automne du nord de l’Europe. J’ajuste les planches de fermeture de la descente parce que la pluie s’infiltre avec le vent. C’est là que j’apprécie les pulls en laine de ma garde-robe.

Deux heures plus tard, Tom est de retour. Il est trempé des pieds à la tête, le parapluie a mal rempli son office. Il peste contre les boutiquiers qui l’ont promené d’un bout à l’autre de la ville. « Un drapeau marocain ? Si, si, il y en a chez Mounehim. C’est un peu plus loin, derrière le marché aux légumes ». Arrivé chez le-dit Mounehim, à un kilomètre de là, c’est la même rengaine : « Non, moi je n’en ai pas, mais allez chez Ali, le libraire de la rue principale, lui il en a ». Au final, Tom aura dégotté pour moins de deux euros un étendard de 50 cm par 40, largement plus grand que la taille standard des pavillons, un beau drapeau accroché à une grande baguette en bois, comme ceux que les supporters agitent dans les stades de foot. « On va pas le mettre comme ça, il est trois fois plus gros que notre pavillon national, ils vont croire qu’on se paye leur tête ». Pendant que Tom essore ses frusques, je découpe le drapeau dans des dimensions raisonnables. Ensuite, quelques points de couture pour fixer l’un des côtés à une ficelle et le tour est joué.

Nous sommes en train de visionner les dernières photos de Tom sur le PC quand la pluie redouble d’intensité. Notre souffle commence à faire des petits nuages de vapeur même à l’intérieur du bateau. Ça tangue fort et les amarres de Grégal tirent sur le voilier avec lequel nous sommes à couple dans des grincements désagréables. Tom surveille de temps à autre en passant la tête par la descente. A un moment je l’entends, horrifié : « Merde, le drapeau part en sucette ! ». Effectivement, les coups de ciseaux brut de décoffrage n’ont pas réussi au tissu nylon qui se pare progressivement de belles franges, grignotant l’étoile verte centrale sur le fond rouge uni.

Intervention d’urgence : nous suturons les côtés avec des ourlets grossiers. Si cela permet de juguler l’effilochage, nous perdons les proportions initiales et l’étoile verte se retrouve complètement excentrée, avec le bout du drapeau qui se termine prématurément à l’extrémité de l’une de ses branches. Dans sa nouvelle mouture, notre pavillon n’a pas fière allure. Mais il pleut toujours et ni Tom ni moi n’avons le courage de nous retaper tout le chemin pour en acheter un autre.

Moralité : dans une grande croisière, il est difficile de posséder tous les pays du monde en pavillons. En revanche, ça peut être judicieux de se procurer par précaution ceux des pays au large desquels on croise, même si on n’a pas prévu de s’y arrêter. Ainsi, on est bien vu en toutes circonstances, et cela évite d’avoir à bricoler soi-même des ersatz douteux dont on aura honte pendant tout le temps de l’escale.

10 octobre 2008

Balade nocturne dans Essaouira






8 octobre 2008

Essaouira : "La bien dessinée"

« - Vous êtes un acteur, non ? »
« - Non… Mais je vais peut-être me reconvertir, alors ! »
« - Parce que vous avez la tête d'un acteur... »

L’officier de gendarmerie qui remplit la fiche d’entrée sur le territoire marocain est jovial et curieux. Sa forte corpulence fait faire des plis à son uniforme bleu-gris délavé. Le bureau où il nous accueille est d’un relatif dénuement : une armoire sévère d’où dépasse un képi posé tout en haut, une table en bois usée avec dessus une imprimante, un porte-document vide et un ordinateur. La fermeture des fenêtres peintes en glycéro lavande rappelle celle des vieux appartements des années 30. Il remplit consciencieusement le formulaire Word en tapant à deux doigts, et en français. Le fait que nous ne soyons pas mariés l’interloque : « Vous êtes propriétaires du bateau à 50-50%, mais vous n’êtes pas mariés ? ». « Ici, au Maroc, ça n’existe pas. Et puis, la femme est un peu oubliée. Elle ne possède qu’un demi de ce que possède l’homme… Mais j’ai vu plusieurs couples européens non mariés. Ils disent que l’acte de mariage n’est qu’un papier qui donne droit à héritage. L’amour, c’est dans le cœur, non ? ». Il feuillette le passeport de Tom, d’un air intéressé et tout sourire : « Vous êtes allés à Tunis ?.. Au Kenya ? ». Il prend soin de détacher chaque page pour ne pas rater les tampons de visas étrangers. Puis les questions traditionnelles sur les références du bateau. Alors que nous attendons depuis déjà 45 minutes, placides et souriants, le supérieur de notre interlocuteur (supérieur je présume en raison des galons accrochés sur sa veste) vient contrôler l’avancement du remplissage du formulaire. Il presse son collègue en arabe, l’autre le regarde : « La passagère ?.. ». Le supérieur évince la question d’un air de dire « ça ira bien comme ça ». Mais notre officier a le sens de l’égalité. Il me demande mon passeport, et ajoute consciencieusement les données me concernant, ce qui prendra bien 20 minutes de plus. Il nous demande comment s’est passée la navigation depuis Gibraltar, d’où nous arrivons. Nous lui parlons des lumières rouges clignotantes. « Les stups, il y en a beaucoup le long de la côte. Ce sont des pneumatiques semi-rigides qui patrouillent ».

Une fois le formulaire renseigné, le responsable des douanes vient nous chercher et nous conduit dans son bureau un peu plus loin. Son visage est fin, il porte une vieille veste de cuir noir, à la manière d’un inspecteur de banlieue, mais ses expressions reflètent une grande finesse intellectuelle. Le bâtiment des douanes est très petit, et les fenêtres sont décorées par des vitraux en arc de cercle verts, jaunes et bleus. Il s’étonne que nous soyons allés nous mettre au mouillage en arrivant à Essaouira. Tom précise que nous n’avions pas de données sur les fonds du port, et qu’il est donc allé faire un tour de reconnaissance en annexe avant d’amener Grégal.

Notre passeport tamponné, il nous souhaite la bienvenue au Maroc, et nous signale que nous devrons repasser le jour où nous décidons de partir, pour enregistrer notre sortie du territoire. Nous le remercions et sortons. Le port d’Essaouira nous transporte dans une autre époque. Il y a tout autour de nous des chalutiers en bois, colorés et usés, et plusieurs barques de pêche bleu roi. Des mouettes volettent tout autour, elles sont des dizaines à piailler au dessus des bateaux de pêche. L’air sent fort le poisson séché et les épices, le vent de l’Atlantique est frais. A l’entrée de la médina, deux magnifiques tours carrées jalonnent la muraille. Nous traversons le quartier du marché au poisson. Les chats sont partout à l’affût, en nombre, et leur présence ravit Tom. Nous n’avons fait qu’un tour rapide des souks et des échoppes d’artisans, mais l’endroit est si authentique que nous ne regrettons pas notre choix. La place du port nous coûte environ deux euros par jour. Enfin, par « place », on entend « amarrage à couple avec le seul autre voilier de voyage », et pour aller sur le quai, il faut successivement passer sur le bateau des autres touristes, puis traverser un transporteur local pour balades en mer.

Partout, le sourire et la gentillesse des marocains nous désarçonnent. Nous sommes accueillis simplement mais avec une grande cordialité, même si nous sommes crasseux et les traits tirés. On s'adresse toujours à nous en français, alors que nous ne sommes pas capables de balbutier trois mots d'arabe. Je pense à l’accueil que l’on réserve aux immigrés du Maghreb en France, et ça me fait mal au cœur. Il n’y a rien de plus rassurant pourtant, quand on arrive inquiets et fatigués dans un pays étranger, que d’être reçus avec politesse et sincérité. « Soyez les bienvenus à Essaouira ». Nous ne regrettons décidément pas notre choix. La ville est petite et comme préservée du tourisme de masse. Les formalités administratives y sont à coup sûr plus simples qu'à Tanger ou Casablanca... Nous allons sans doute rester plusieurs jours pour en faire le tour et s’imprégner de sa douceur de vivre.

6 octobre 2008

Military practice area : firing exercices

La journée, Grégal file sur l’Atlantique, au large des côtes marocaines, et nous croisons de moins en moins de cargos. Le soir, vers 19 heures, nous nous asseyons tous les deux à tribord pour contempler la descente du soleil plein ouest, un verre de pastis à la main. Chaque jour, nous tentons d’apercevoir le « rayon vert », cette lumière fugace qui est censée éclairer d’un trait la ligne d’horizon, pendant une fraction de seconde, à peine le soleil disparu dans la mer, mais pour l’instant ce mystère lumineux se refuse à nos yeux.

C’est moi qui prendrai le premier quart, ceinte dans ma salopette de nav’, mon ciré rouge et mon gilet pressiostatique. J’aurai bien sûr un œil attentif sur le radar, l’autre sur le cap, et les oreilles à l’affût du moindre claquement dans les voiles, susceptible d’annoncer un changement du vent. A minuit et demi, je vais réveiller Tom, avec une tasse de thé bien chaud. Petit débriefing sur le quart passé, puis je file sous la couette, les paupières lourdes.

Je suis réveillée d’un coup, à trois heures du matin, par un « Aude ! » crié depuis le cockpit. Je me précipite, et trouve Tom, debout à la barre, frontale vissée sur la tête, le regard inquiet, le débit rapide, l’angoisse palpable. « Je sais pas ce qu’il se passe, on est entourés de bateaux bizarres, j’arrive pas à savoir où ils vont et ils me flashent avec un projo ! ». Effectivement, tout près de nous, des lumières rouges clignotantes. Tom a démarré le moteur, et tente de changer de cap, mais les lumières rouges virent au blanc puissant et se rapprochent à chacune de nos tentatives. « Et cette putain de VHF qui ne marche pas ! Non mais c’est pas vrai ! ». Je m’habille d’une traite. Tom m’informe qu’il a tenté d’envoyer des messages radio à l’attention des « red flashing lights » mais n’a pas obtenu de réponse. Préposée à la VHF, c’est d’habitude moi qui fais les appels à l’arrivée dans les ports. Je retente : « We are a 10-meter sailing boat, is there any problem ? Over ». Après un petit temps qui nous statufie sur place, la VHF grésille, puis son voyant vert s’éclaire. Une voix d’homme à l’accent anglais très roulant nous demande « Can you show yourrr… ??? ». Je lui fais répéter trois fois sans comprendre, d’une part parce que la qualité de l’émission est médiocre, mais surtout, parce que l’accent est si prononcé que je ne perçois pas la moitié des mots.

Tom est incroyablement nerveux, il pense à des filets de pêche dérivants et à des bateaux de pêche qui nous feraient signe de ne pas continuer dans cette direction. Grégal tourne en rond à petite vitesse, ne sachant où aller. Si nous nous dirigeons vers le Nord, la lumière rouge se rapproche, au Sud, même topo. Je vais vérifier à nouveau sur le logiciel de navigation si nous ne nous trouvons pas en zone de pêche. A défaut, je m’aperçois que nous somme à un mille d’une zone définie qui se trouve être, au déchiffrage par un double-clic d’un petit pictogramme en forme de cornet de glace à l’italienne, une « military practice area (caution) : firing exercices ». J’en avise Tom et réessaye un appel VHF, en français cette fois. La voix qui nous répond nous informe qu’elle parle aussi français. Je m’enquiers : « Nous sommes un voilier de 10 mètres, devons-nous contourner la zone militaire par le nord ou le sud ? ». La voix répond, cordiale : « Non-non, n’allez pas au sud, montrez-nous juste votre feu vert ». Nous faisons pivoter Grégal en direction du bateau, lui présentant notre côté tribord. Je poursuis : « Nous allons à Essaouira, cap 230°, devons-nous changer de cap ? A vous ». La voix, assez jeune, se fait plus enjouée : « Non, non, vous pouvez continuer sur cette route, ne changez pas de cap ! ». « Nous pouvons traverser la zone militaire ? » (NB : Une très large zone sur plusieurs milles au large de Casablanca). « Oui-oui, y’a pas de problème, tu peux traverser la zone militaire Madame ! Muchas gracias ! Bonne route ! ». Notre stress retombe instantanément, remplacé par un rire nerveux : il fallait donc que ce soit une femme qui s’y colle ! Je me demande si ma voix a des accents espagnols. Rassurés, nous reprenons notre cap 230°. Tout au long de la nuit, nous croiserons à nouveau le ballet des lumières rouges clignotantes (nous identifierons au lever du jour qu’il s’agit de petites vedettes militaires), postées à chaque fois pile en face de nous, sur notre route, dans la ligne des 230°, puis qui s’écarteront courtoisement sur le côté, sans mot dire, dès que nous les approcherons à 2 milles (nous gardons alors l’oreille collée à la VHF, nous demandant s’il fallait prévenir chaque croiseur mais apparemment, ils s’étaient passé le mot, nous étions amnistiés), et ce jusqu’à la sortie de la zone miliaire, au petit matin.

Le lendemain, nous passons au peigne fin tous nos waypoints (points de route) pour savoir si nous n’avons pas une nouvelle zone militaire sur notre trajet. Autre leçon : désormais, chaque nuit, nous garderons la VHF avec nous dans le cockpit, au lieu de la laisser en veille sur le 16, rangée sur son support au-dessus de la table à carte : il serait dommage de se faire dézinguer par un missile à cause d’un défaut de réception radio, non ? ;)

5 octobre 2008

Le passage du détroit de Gibraltar

4 octobre 2008

Le mouillage de Gibraltar

Il est 19h30, le ciel s’est assombri. Le Rocher, entouré de cargos à l’arrêt, se découpe sur des cumulus noirs. La mer est anarchique et fortement houleuse, il fait froid et l’humidité de l’air imprègne tout.

C’est donc ici, sur ce morceau de caillou qui se dresse entre l’Atlantique et la Méditerranée, que les Anglais ont choisi d’élire domicile et se sont massés là, sur cette minuscule enclave en territoire espagnol, telles des moules sur un rocher. Position stratégique absolue de contrôle de l’entrée dans la Petite Bleue s’il en est, il n’en demeure pas moins que l’endroit est laid et tout à fait inhospitalier. Alors que nous ne sommes plus qu’à quelques mètres des fameuses « Colonnes d’Hercule », un bateau-pilote s’approche de nous. A bord, les hommes de l’équipage agitent leurs bras et nous crient quelque chose en anglais. Ils se rapprochent, mais nous ne comprenons toujours pas clairement le sens exact de leurs propos. Ce qui est sûr, c’est qu’ils nous somment de ne pas continuer dans cette direction et nous indiquent de les suivre. J’ai cru entendre « strand of sand » (= banc de sable), mais je n’en suis pas tout à fait sûre. Nous suivons donc le pilote qui, une fois le cap et le phare dépassés, prend congé et nous adresse un salut cordial. Nous les remercions le plus chaleureusement que nous pouvons par de grands gestes reconnaissants.

Nous avions lu, sur une page Internet écrite par Banik à propos de Gibraltar, qu’une zone de mouillage se situait près de la piste de l’aéroport. Bien que la nuit commence à tomber, nous nous dirigeons dans cette direction. Pour autant, le zigzag entre les cargos n’est pas de tout repos. Soudain, alors que je suis à la barre, le sondeur se met à afficher une profondeur de 11 mètres (alors que nous étions à plus de 100 mètres de fond quelques mètres seulement auparavant) allant décroissant, jusqu’à atteindre 5, puis 4 mètres… Vite, nous virons de bord en nous disant qu’il s’agit peut-être d’un autre banc de sable (même si l’on se trouve en plein milieu de la baie). La nuit est maintenant presque là et nous sommes inquiets. Nous décidons alors, par sécurité, de rejoindre le port, devant la difficulté de trouver l’aire de mouillage.

Le port de Gibraltar se situe le long du Rocher, côté ouest, mais les espaces réservés aux pontons de plaisance sont très restreints. Nous entrons par l’entrée nord du port. L’intérieur est immense, avec des quais de commerce, mais point de marina en vue. Nous poursuivons plus avant et finissons par apercevoir quelques mâts. Il y a effectivement une minuscule marina coincée entre deux zones industrielles, mais elle ne semble pas correspondre à celle indiquée sur la carte. De plus, l’entrée est fort étroite, passage de 10 mètres de large entre deux immeubles. Un écriteau indique de contacter la capitainerie par VHF canal 71. Je m’exécute, mais nous n’obtenons pas de réponse. Nous entrons alors lentement, à la recherche d’une place libre. Puis nous apercevons au bout d’un ponton un type qui nous fait signe. On s’approche. Il est mécontent, dit en anglais nous observer depuis un quart d’heure et n’avoir rien entendu à la radio. Je lui affirme que j’ai essayé, mais que nous n’avons pas eu de retour de leur part. En tout cas, il nous informe, se radoucissant en voyant nos mines lasses, qu’ils n’ont plus de place au port central, et qu’il nous faut aller plus au nord, à environ 1 mille, dans une marina qui s’appelle « Marina Bay ». Il semble dire également qu’il y a aussi, dans ce coin, une zone de mouillage. Nous le remercions pour son fair-play puis rebroussons chemin.

Il est 22 heures et cela va faire plus de deux heures que nous avons atteint la baie de Gibraltar. Nous avançons vers le nord en zigzagant à nouveau entre les mastodontes d’acier endormis. Nous commençons à ressentir la fatigue mais surtout, l’inquiétude est toujours prégnante de ne pas trouver de marina ou de mouillage. Nous avançons sur 1,5 milles en suivant la côte, mais rien : aucun mât de bateau, aucun feu de mouillage à l’horizon. Seulement des quais industriels bétonnés et des buildings commerciaux. Finalement, à force de chercher, je finis par repérer Marina Bay sur l’une des cartes du Bloc Marine (alors que MaxSea n’indiquait pas le nom des marinas). Nous retournons à nouveau sur nos pas. C’est à proximité de la piste d’aéroport, alors que nous avons en ligne de mire les feux d’entrée de Marina Bay, que nous distinguons dans la pénombre la silhouette d’un voilier à l’arrêt. Nous nous rapprochons, puis en apercevons un autre, puis un autre… Voilà donc l’aire de mouillage ! En effet les fonds par ici s’échelonnent entre 2 et 6 mètres. Sauvés, nous mouillons l’ancre avec un grand soupir de soulagement. De jour, nous les aurions distingués sans problème, ces voiliers, mais de nuit, la tâche était impossible, sauf à tomber dessus par hasard : sur les 25 bateaux de voyage postés là, aucun ou presque n’avait de feu de mouillage visible !

Pour faciliter la vie à d’autres aventuriers qui auraient la bonne idée d’arriver à Gibraltar de nuit, nous joignons ici une petite carte indiquant où l’on peut mouiller.

Quant à nous, nous aurons passé une nuit en définitive agitée, mais plus en raison de l’appréhension du trajet à venir pour le lendemain (la traversée du détroit) plutôt que d’une mauvaise mer car le mouillage s’est avéré très calme et bien abrité.

Essaouira, et ça ira !

Nous sommes en mer depuis 3 jours ! Le passage de Gibraltar s'est bien
passé, avec une petite fenêtre météo de vent d'est-nord-est qui nous a
gentiment poussé vers la sortie du détroit et les côtes marocaines. Le
climat est revenu à l'ensoleillé et au grand bleu, bien que les nuits
soient encore un peu fraîches. Au moment où nous postons, il est 18h37,
et notre position est 33°00.9039 N ; 009°07.2517 O, au large de
Oualidia.Nous nous dirigeons vers Essaouira, où nous devrons arriver
demain en fin de matinée. Ah le Maroc ! Ses couleurs, sa chaleur, ses
souks et son thé à la menthe ! Nous avons hâte ! Côté quarts, nous avons
trouvé le bon rythme, 3 heures chacun à partir de 21 h + siestes en
journée, ce qui nous permet de nous reposer suffisamment. Le bateau suit
une allure très confortable, avec l'après-midi un vent qui nous pousse
au largue, permettant à Grégal de garder sa stabilité et à nous, de
vaquer à toutes nos occupations comme si nous étions au mouillage ! Le
rêve ! Aujourd'hui, (très) petit thon pêché oblige, on va tenter les
sushis. Nous donnerons plus de détail sur les derniers jours une fois au
port car nous tenons sous le coude quelques posts croustillants, mais un
peu lourds à poster avec l'Iridium :)

3 octobre 2008

Ponente, ponente, ponente...

Après avoir quitté Almerimar, nous avons commencé à goûter les joies de la mer difficile et capricieuse à l'approche du détroit de Gibraltar. Si au moment où nous sommes partis le matin, on avait mer d'huile et presque pétole de vent, dès la fin de la matinée, tout s'était déjà compliqué. Nous avons lutté plusieurs heures (on était quand même partis à 8 heures du mat' pour bien faire) avec le vent dans le nez, ce fameux "Ponente", vent du couchant, vent d'Ouest, qui, couplé à une mer brassée par les courants issus et de la marée et les croisements des eaux du détroit, où se formaient des creux de plus de 3 mètres (mais surtout peu espacés, ce qui faisait taper le bateau sur les crêtes et retomber lourdement, avec d'autant plus de difficultés à lui faire reprendre de la vitesse...), c'était pas évident-évident. C'était même carrément l'horreur, puisque celui qui était à la barre dans ces conditions se prenait une gracieuse arrosée en pleine poire toutes les dix secondes, grâce à de joyeuses et violentes déferlantes qui passaient au-delà de l'étrave. Heureusement, on s'est relayés. Mais les cirés ont à peine suffit à nous garder au sec : on était littéralement couverts de sel.

Sur le coup des 15 heures, le bateau avançait contre le vent à une vitesse proche des 0,5 noeuds, et nous, en plus d'être rincés, on commençait sérieusement à être exténués. Et puis le vent ne molissait pas, au contraire. Nous avons donc décidé de nous rabattre sur le premier port venu, celui de Jose Banus, proche de Marbella, sorte de petit Saint-Tropez de la côte sud, hypra chic et branché, mais au moins permettant d'offrir une halte sûre.

Aujourd'hui nous repartons sur le coup des midi, direction Gibraltar (cette "merveilleuse" enclave Britannique au milieu de l'Espagne ! Faut oser quand même !), où nous avons prévu de rester au mouillage pour tenter la traversée le lendemain, puisque les conditions météo seront ô combien plus favorables ! Le Ponente est enfin inversé, remplacé par un bon vent d'Est, un beau Levante, ou encore, comme d'autres l'appellent vers le Péloponèse, un joli "Grégal". C'est un signe, et il ne faut pas le rater !



NB : Hier soir nous avons pêché un poisson qui n'était pas une daurade coryphène ! (pour changer). Nous pensons qu'il s'agit d'une petite bonite ? Avis aux experts !!


NB2 : Kim et Nico, grâce à la canne, c'est un bon petit poisson frais presque tous les jours depuis une semaine ! Trop top !

Hommage à Michka

Je doute que beaucoup de navigateurs nés après 1960 ne connaissent Michka, mais je crois savoir que son livre (malheureusement unique sur ce thème !!!) « Le Grand Départ et la vie sur l’eau », paru en 1977 aux éditions Albin Michel (et toujours disponible sur Amazon ou autres d’ailleurs…) a fait rêver toute une génération de candidats au voyage.

C’est au hasard d’une recherche sur Internet où je tentais de trouver la meilleure recette de pain à réaliser à bord d’un navire de plaisance, que je suis tombée, au hasard d’une discussion sur un forum de marins, sur un commentaire qui évoquait une recette de « pain à la cocotte-minute par Michka » dont le livre, semblait-il, tenait une place particulière le cœur du-dit commentateur et par la même occasion, dans sa bibliothèque de bord.

C’était l’époque où, 6 mois avant notre départ programmé, je tentais de me documenter en livres relatant des expériences de vie en bateau. J’ai donc commandé le livre de « Michka », qui est arrivé dans ma boîte aux lettres 2 jours plus tard, dans son grand format A4, avec un titre kitsch en police seventies à la Les Bronzés font du ski et sa couverture de papier glacé ornée de dessins (amateur ?) en noir et blanc (voilier filant sur l’eau, poisson moqueur, étoiles, dauphin sauteur, coquillages et autres coquetteries très baba-cool).

Je l’ai ouvert, et à la lecture du premier paragraphe, je ne l’ai refermé qu’une fois terminé.

Michka était (à l’époque et je présume toujours, sauf pour l’âge :) une jeune femme de tempérament qui avait fait le choix de construire son voilier et de partir vivre sur les mers quelques années avec son compagnon. Dans son livre, on trouve des choses comme : « En mer, on ne dépend que de soi-même. Les complications inutiles semblent décantées. Pour peu qu’on ait construit son bateau, on a vraiment sa destinée entre les mains ; il en résulte une impression extrême de puissance et de liberté. C’est par ce contact retrouvé avec le réel et la nature qu’il nous pousse des racines, que nous percevons de nouveau notre modeste place dans l’univers, et que nous recommençons d’appartenir au monde qui nous entoure ». Ou encore : « La santé est un état de bien-être physique, mental et social ». Ou bien encore : « Cesser de consommer, se tourner vers d’autres valeurs, vers un mode de vie qui ne soit pas fondé sur l’acquisition et le renouvellement des biens matériels… ». Etayés tout au long des pages d’études et de chiffres d’époque (mais aussi d’illustrations à la main), les thèmes abordés et le contenu restent malgré tout d’une criante actualité.

Le livre de Michka est cependant loin d’être une rêverie éthérée de soixante-huitard en mal d’utopie anti-consumériste. C’est bel et bien un guide pratique de vie à bord, avec une philosophie de vie tout à fait contagieuse. Ce qui est magique avec Michka, c’est cette fluidité de l’écriture, tour à tour poétique ou réaliste, qui vous emporte au fil du voyage, et où les astuces de vie quotidienne (dûment éprouvées !) sont ponctuées de grisants récits-souvenirs de moments passés en mer.

Je pourrais essayer de le décrire plus avant avec mes propres mots, mais il se trouve que (fait rare aujourd’hui), au verso du livre se trouve une jolie petite présentation/résumé qui remplace bien avantageusement tous les points de vue que l’on pourrait formuler. Je vous la livre ici, même si c’est un peu long, car je l’ai personnellement adorée.

« Le Grand départ, celui dont tout le monde rêve pour se donner bonne conscience, ou bien celui qu’on décide de vivre, n’est pas plus une utopie qu’une expérience marginale.
La vie sur l’eau
, celle qui donne des frissons aux cap-horniers des villes, ou bien celle qu’il est si doux de mener, n’est pas pleine de dangers ni réservée aux sportifs.
Le Grand départ et la vie sur l’eau
, c’est, cela peut-être, simplement une histoire.

Michka, une parisienne quelque part au sud de l’Angleterre, devant un vieux quillard endormi dans un lit de limon. Cette histoire commence ainsi, il y a dix ans*, et à travers ce premier bateau (tout petit en vérité) Michka regardait déjà l’infinie succession des horizons : loin, loin des villes, pour une autre vie, à la découverte de la mer, des canaux, et d’une existence enfin différente.

Traverser la Manche, suivre les côtes, s’amarrer dans la campagne, s’aventurer dans le golfe du Lion, trouver l’Espagne, les Baléares, prendre son temps, prendre son temps, prendre son temps…
Un jour, Mag Mell est devenu trop limité. La Méditerranée aussi. Le bateau vendu, l’Europe quittée. Alors qu’elle cherche un poste de professeur de préférence en montagne au Canada, le hasard administratif (appelez-le le destin si vous préférez) la ramène aux pieds du plus grand des océans : la Pacifique. Mais de la montagne, elle trouve quand même le froid, puisque Prince Ruppert est à 70 kilomètres de l’Alaska.

Et pourquoi ne pas commencer tout de suite plutôt que d’économiser passivement ? Construire son bateau, c’est aussi se constuire. Quinze mois plus tard, Nomad est mis à l’eau, inachevé ; mais c’est déjà un bateau, c’est déjà une maison. Six mois après, sans mât, cette coque de ferro-ciment appareille, ou plutôt, naît à la mer. Être parti, voilà l’important.

Ainsi, Michka mêle sa vie à celle de Nomad, né sous ses mains, qui la porte entre les îles du golfe de Georgia, la Californie, le Mexique, l’Amérique centrale, Panama. Les jours s’écoulent dans la pulsation de l’étrave, les escales deviennent des amis chers, les ports des rencontres multicolores. Depuis bien des milles maintenant, Nomad est grand, il a un fort mât, il lui tarde de sauter vers d’autres océans. La Colombie, et la Jamaïque encore épargnée par « l’antillomanie », le poussent vers la traversée de l’Atlantique par les Bermudes et les Açores. Pas d’exploit, pas de démâtage, mais le plaisir renouvelé de la mer qui s’offre, des terres éphémères.
Dans la vie, les meilleures choses sont données.

Ce livre, au sens le moins directif de l’expression, est un manuel de savoir vivre, une impulsion, l’étincelle qui mettra le feu à vos poudres. En lui se mêlent théories et pratiques, prises dans la spirale des souvenirs. Il raconte comment faire du pain, se chauffer aux pôles, prévoir son naufrage, fumer du poisson, être à soi-même son propre médecin, effrayer les requins, partir sur un bateau minuscule, confectionner du savon à partir de noix de coco, conserver un an du fromage, prendre le grand départ quand on a 70 ans, se baigner dans trois litres d’eau, mais il dit aussi comment trouver sa liberté par la simplicité, emmener avec soi ses enfants, ses animaux, être « cool » sans couler, échapper au système qui nous enracine pour mieux nous faner, vivre pauvre avec classe, ou bien encore comment enrayer à son propre niveau le cercle vicieux de la pollution qui tue.

Ce livre ne s’adresse pas seulement à ceux qui larguent les amarres, mais aussi à ceux qui restent. Il leur demande également pourquoi, et il leur montre comment leur progrès et leurs édifices ressemblent à des cimetières. Ce livre a les yeux grand ouverts. Et il vous regarde.
Faites attention à ce livre… Il ne s’adresse pas qu’aux marins. Il parle aussi à ceux qui ont choisi une autre « mer » : la montagne, la campagne, le voyage… Ce n’est pas un récit ou un témoignage, mais un chant de sirène. Tout ce qui nous retient y est soupesé. Tout ce qui nous inquiète y prend une forme nouvelle. En lui glisse une vie simple, des émotions, du calme, des peurs, des réflexions, des tristesses, des morceaux de temps, des rêves qui font éclater le quotidien.

Faites attention à ce livre… Prenez garde qu’il ne vous pousse vers le large, ou alors, mettez-le en pratique : ouvez-le en complice. »
*en 1967 ndla

2 octobre 2008

Fondant au chocolat a la mantequilla*

Notre dernière escale à Almerimar nous a donné l’occasion de faire le plein de produits frais, et parmi eux, le rarissime (mais d’autant plus apprécié) beurre, rarissime en raison de l’absence de frigo à bord, et que nous avons pris plaisir ces derniers jours à tartiner sur des biscottes aux céréales intégrales pour le petit déjeuner. Nous sommes parvenus à le maintenir en forme pendant deux jours grâce à un chargement de glace dans notre glacière, mais la glace une fois fondue, il commençait à montrer des signes de ramollissement et il fallait bien en faire quelque chose. Bien pourvue en livres de cuisine, que je prends un réel plaisir à feuilleter quotidiennement à la recherche d’inspirations nouvelles, je n’avais que l’embarras du choix. Comment souvent, c’est la décision de cuisiner quelque chose que nous ne mangeons pas souvent qui l’a emporté, à savoir, un gâteau. Et pour faire plaisir à Tom, car c’est son pêché mignon, j’ai opté pour le traditionnel fondant au chocolat.

Ingrédients :
  • 250 g de chocolat
  • 200 g de beurre
  • 100 g de sucre (je ne mets que 100 g car j’utilise du chocolat pâtissier à 60% de cacao déjà sucré, si le chocolat est plus corsé, rajouter 50 g)
  • 50 g de farine
  • 4 œufs
  • 1 pincée de sel

1. Préchauffer le four à température moyenne (thermostat 5-6).

2. Faire fondre la moitié du chocolat découpé en carrés dans une casserole à feu très doux avec trois cuillères à soupe d’eau. Une fois fondu, couper le feu et incorporer le reste du chocolat (ceci permet de ne pas « cuire » le chocolat et d’obtenir une pommade lisse à température). Ajouter ensuite le beurre et remettre à feu doux jusqu’à ce que le beurre soit dissout. Laisser tiédir hors du feu.

3. Dans un saladier, battre les œufs entiers en omelette, incorporer le sucre, puis la farine. Verser le chocolat sur ce mélange jusqu’à obtenir une pâte homogène.

4. Verser dans un moule huilé (ou beurré).

5. Faire cuire une vingtaine de minutes. Le gâteau doit être encore légèrement « tremblant » sur le dessus quand il sort du four (signe qu’il est encore crémeux à l’intérieur). Laisser refroidir et déguster.

*au beurre

NB : Pour ceux qui ne disposeraient pas de four, j’ai vu dans le livre de recettes de ma cocotte-minute qu’on peut cuire un fondant au chocolat en faisant bouillir préalablement de l’eau aux 2/3 de la cocotte, puis en déposant le moule couvert d’aluminium dans le panier-vapeur de façon à ce qu’il soit au dessus de l’eau sans la toucher, fermer la cocotte, au sifflement baisser le feu et cuire 45 minutes.

Quand le soleil revient...

Départ de Almerimar, conditions excellentes : un petit vent juste ce qu'il faut, le soleil, l'harmonica et... le poisson !