Ce weekend a eu lieu mon premier baptême de voile aux Glénans. Lorsque je parlais à mes collègues de bureau de ce stage de voile de 3 jours, j'avais coutume de dire : "Vous voyez, les Glénans sont à la voile ce que l'école des guides de Chamonix est à l'alpinisme". De suite, ça dressait le tableau. Sauf que le jour J, je n'étais pas si fière. Et si les Glénans, quid d'école renommée, n'étaient qu'une infâme machine destinée à torturer les futurs skippers par des journées harassantes de voile avec juste assez de répit pour reprendre son souffle toutes les trois heures et affronter la houle et les embruns, sous les vociférations d'un moniteur hystérique ?
Ma volonté de me former aux Glénans était pourtant apparue comme une évidence, car je n'entendais pas débuter notre voyage sans aucune notion de voile, laissant à Tom toute la responsabilité d'assurer l'intégralité de ma formation, qui plus est avec le sourire et la patience requise. J'avais donc rassemblé, les semaines précédent l'évènement, tout l'équipement listé dans le "Guide du stagiaire des Glénans", bien précautionneusement : les bottes de bateau, les gants de mer, les lunettes de soleil, les vêtements de rechange, la crème solaire, la lampe de poche, le sac de couchage, la-salopette-de-voile-de-chez-Décathlon-à-39,90-euros-qui-fera-bien-l'affaire, et surtout : le magnifique pull marin tout neuf Saint James en pur laine débusqué sur ebay. J'avais donc ficelé mon paquetage et me tenais fin prête en ce samedi 22 mars, début de 3 jours de stage d'initiation, dit stage "Azur".
Les Glénans ne se trouvent pas exclusivement en Bretagne. Ils ont en effet ouvert plusieurs écoles depuis les années 50, dont une en Corse, une en Martinique, ou encore une en Croatie, et une sur la Méditerranée, à savoir, au bord de l'étang de Thau. C'est donc Tom qui m'a déposée ce matin, avec 3/4 d'heures de retard car j'étais si stressée que j'avais oublié de regarder le plan du "Guide du stagiaire" pour se rendre sur les lieux, et que nous avons raté l'entrée. J'étais furieuse car je pensais que tout mon groupe serait déjà parti, et que je me retrouverais punie à attendre sur un banc leur retour à midi.
Le bâtiment du centre des Glénans de Marseillan, sur l'Etang de Thau, s'appelle le site des Onglous. C'est un superbe bâtiment du 17 ème siècle, "dernier relais de halage du Canal du Midi", et classé monument historique. Dans son jus de vieilles pierres, vieux figuiers et glycines courant le long des murs, il est absolument superbe. Il n'empêche, ce vénérable bâtiment se situe pile à l'opposé du parking du site des Onglous, et entre les deux, coule le Canal du Midi (le bâtiment est en fait coincé sur une fine bande de terre entre l'étang de Thau et le Canal). Avec Tom, nous sommes restés quelques instants plantés là, à nous demander comment rejoindre l'autre rive. C'est alors que deux jeunes hommes habitués des lieux m'ont proposé de traverser. En effet, en regardant un peu mieux on pouvait voir, le long du canal côté parking, deux vieilles barques avec une unique rame à l'arrière, destinées à être manœuvrées scientifiquement par un savant jeu de poignet, en vue d'atteindre l'autre rive.Sur place, c'est alors une vaste circulation de personnes en cirés, qui tantôt boivent un coup sur les tables de pique-nique du jardin, soit assistent en petit comité à un cours théorique avec schéma sur tableau, soit discutent autour d'une bière. J'ai mis un petit moment à trouver lequel pouvait bien être mon groupe. J'ai fini par trouver, à force de questionner tout le monde, avec mon sac à dos et mon duvet dans les mains. Le moniteur qui m'a accueillie m'a conseillé de déposer mes affaires dans le dortoir.
Le reste de la matinée s'est déroulé en une première sortie en mer tous ensemble sur un grand ketch, l'Echo 90, où les 7 stagiaires dont moi-même avons fait la connaissance de Frédéric et Serge, nos deux moniteurs pour le séjour. Nous en avons aussi profité pour essayer d'emmagasiner un maximum de termes techniques sur l'équipement d'un voilier : pare-battages, drisses, haubans, grand voile, tourmentin, et... les fameuses autres "cifelles". En effet Serge, moniteur depuis plusieurs années, nous a bien sûr précisé que sur un bateau, il ne faut pas dire "corde". Ça porte malheur. Serge ne dit pas "bout", comme je l'ai souvent entendu. Il dit "cifelle". Pendant 48 heures, je fus persuadée que ce mot était inscrit au dictionnaire...
L'après-midi, ragaillardis par l'air frais de l'étang de Thau (c'est là que je n'ai pas regretté le bonnet, le pull Saint James et les 3 sous-couches de sous-pulls, en plus du ciré parce qu'il faisait réellement froid sur l'eau), nous avons commencé notre initiation par groupes de 3 et de 4, sur des petits voiliers d'apprentissage, les "5.70". Au programme : apprendre à gréer, et tenter nos premiers virements de bord. Rien de bien fatigant, me direz-vous. Il n'empêche, le soir, on était cuits. A 21h30, il ne restait plus grand monde debout.
3 Responses:
Je suis particulièrement fier d'avoir contribué à cette aventure que je suis avec passion.
Serge
Bien je n'ai jamais fait de stage de bâteau mais pourquoi pas!
Je vais donc suivre, votre blog car moi aussi j'aime la mer.
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