11 juillet 2009

Mare Nostrum nous a trompés (l'arrivée à Formentera, Baléares)

Allez, j'étais allée un peu vite en besogne dans l'apologie lyrique de cette bonne vieille Méditerranée. En quittant Estepona, la météo nous prévoyait pour deux jours un bon vent de Sud-Ouest entre 15 et 17 nœuds. Nous nous sommes réjouis. Nous avons été deux gros naïfs. Nous avions oublié qu'ici, le grib météo indique au jugé, à l'inspiration, à l'à-peu-près. Ici, c'est la Méditerranée et ses caprices de madone. Nous l'avons eu notre S/O, certes, mais pendant une demi journée. Ensuite... Vous ne devinez pas ? La pétole. La bonne vieille pétole méditerranéenne, avec pas un souffle, et, inévitablement, le moteur. Pour accompagner cette dramatique dévente, une jolie petite mer bien hachée, houle rapprochée erratique et fatigante... Grégal se remet à rouler, on se prend à revivre la traversée de l'Atlantique aller, mais non, à 15 milles, nous aperçevons les côtes espagnoles. Tom peste. Ca fait bien longtemps que je ne l'ai pas entendu pester en navigation.

Corneguidouille ! Nous n'allons pas nous laisser mener par le bout du nez par la Petite Bleue et ses minauderies de starlette. Toutes voiles dehors bien qu'au moteur, nous ouvrons l'oeil, surtout la nuit, et dès que la grand voile se creuse un peu plus, que le génois tire sur son écoute, que la brise soulève notre pavillon, que l'éolienne se résout à tourner mollement, on coupe le moteur. Et on regarde Grégal l'artiste tirer partie de 9 noeuds de vent au bon plein. On taquine les 5 noeuds de vitesse. C'est une prouesse. Ce qu'il y a de chouette, c'est la lune, pleine, et la visite nocturne des dauphins. Ils sont devenus ma nouvelle passion en un an de visites impromptues et joyeuses.

En alternant voile et moteur, on arrive poussivement à rejoindre Formentera. A dix milles des côtes, on manque de s'encastrer dans un petit chalutier qui nous fonce dessus à toute vapeur. On le regardait s'approcher en face de nous depuis 10 minutes, on pensait qu'il nous avait vus comme le nez au milieu de la figure vu que nous étions les deux seuls bateaux en mer. On le regarde s'approcher en se demandant quand il va bifurquer, vu qu'on est sous voiles. Que dalle ! Au dernier moment, on doit enrouler le génois et abattre de 20 degrés pour ne pas nous le prendre. Les deux seuls cocos à bord sont à l'arrière en train de ranger leurs filets. Ils lèvent la tête quand ils passent à 5 mètres de nous. Personne en cabine. La dulce vida. Tom repeste. C'est mauvais signe.

L'entrée de la marina de Formentera est hypra fréquentée en cette haute saison. Les navettes Ibiza-Formentera, les glass-bottom boats, les énormes yachts, les petites vedettes à moteur et les voiliers se bousculent dans la plus parfaite anarchie. Un tel avance en marche arrière, l'autre est planté au milieu, gênant le ferry qui sonne sa trompe à tout va, sans compter le balai des annexes qui surgissent de toutes parts. On est directement orientés par la marina sur une place libre. En fait, des places libres, il y en a pléthore. C'est louche. On est aidés par un gars du port, lunettes noires, polo blanc, casquette blanche, baggy short et micro-casque. En regardant bien, il y a des gars du port de partout. On se croirait sur le plateau d'Ardisson. Tom part faire les papiers. Il revient 10 minutes plus tard : "On se casse !". Je ne lui demande même pas pourquoi, ça tombe sous le sens quand on regarde le mouillage bondé à l'extérieur du port. On aurai dû se méfier davantage. Ici, c'est 120 euros la nuit. Du délire. Même à Palma de Majorque où ils ne nous avaient extorqué "que" 50 euros, on trouvait ça indécent.

On va donc au mouillage. En arrivant d'une nav' de 15 jours, c'est compliqué. Tout est rangé. Il faut ressortir l'ancre du coffre du cokpit, sortir le moteur d'annexe enfoui à l'intérieur sous les voiles, gonfler l'annexe, se rendre compte qu'une des rustines a lâché, la recoller, attendre pour regonfler et constater que ça fuit encore. Tom peste non-stop. "Ah ça, c'est bien la Méditerranée ! Non mais c'est pas croyable !". Heureusement, au mouillage, on est bien. Ca nous rappelle les Antilles. Et puis, le coin est assez joli. Par endroits, on a des patches d'eau turquoise pour contraster avec le bleu profond. On se sert un ti-punch, et on arrive finalement à se détendre.

Aujourd'hui, on profite de la journée pour ranger le bateau. Les grandes lessives, l'avitaillement, et le ménage. Le rituel d'arrivée de traversée auquel on est habitués. Mais celui-là, il a déjà un goût de rentrée. L'avitaillement se réduit à trois tomates et de l'eau minérale, les vêtements propres seront bien pliés et rangés dans les placards pour être évacués sous peu. Le ménage sera pour remercier Grégal de sa fidélité sans faille, et pour qu'il patiente mieux, tout propre, entre deux sorties.

2 Responses:

Perrine a dit…

Waouh c'est vrai qu'elle est belle la lune en ce moment, mais elle est encore plus belle de là où vous êtes!
heureusement que vous ne relâcher jamais la vigilance avec ces guignols qui se promènent en méditerranée...
vraiment il n'y a rien de tel qu'un ti-punch pour retrouver le moral!!!

Gene a dit…

Un petit coucou du Gard et de Versailles....