6 juillet 2009

Transat retour Açores - Gibraltar : J+8

Il est minuit et je surveille, depuis l'extérieur (on n'est jamais trop prudent et l'entrée du Détroit exige une veille constante), le balai incessant des cargos qui croisent autour de nous. Tout à l'heure, nous avons dû nous dérouter au dernier moment. On croit toujours que ces géants nous ont vu, qu'ils vont changer de cap à la dernière minute pour nous passer négligemment sous le nez à un mille, mais certains, que dalle, ne bougent pas d'un iota. C'est là qu'un AIS est utile, pour les appeler par leur petit nom et leur immatriculation et se rappeler à leur bon souvenir quand ils font mine de nous ignorer. La lune est quasi pleine, ce qui est rassurant, et je regarde évoluer les petites lumières blanches, rouges et vertes qui déambulent autour de nous, un œil sur le radar.

Demain matin, nous passerons Gibraltar, et retrouverons la Méditerranée ! Ahhh... La Méditerranée ! Son soleil, son accent, Marseille, la Madrague, Sète et Colioure, l'aïoli et la bourride, la criée, l'anchois, les pins et les oliviers, les sardines ! La garrigue, la lavande, les cyprès et le thym, Rhodes, Ephèse, Carthage et Santorin ! Trois mille ans d'histoire autour d'un bassin bleu dans la lumière blanche, les rues pavées, les villes romaines, la tapenade, les dolmas, les demis en terrasse !

Déjà Tanger se rapproche et l'on croit presque entendre le fourmillement du souk, sentir la coriandre, le cuir et le cumin, l'agneau et le jasmin, le thé à la menthe fumant...

Nous aimons la Méditerranée et l'Atlantique, ce grand Océan, superbe et mille fois renouvelé, s'il nous a émerveillés, inquiétés et surpris, ne nous manquera pas tant. Finis la marée, la houle de 6 mètres, les courants, les Alizés, les grains ! Finies aussi les barrières de corail, le sable rose et les tortues, me direz-vous, mais toutes les bonnes choses ont une fin. La chaleur de l'Afrique toute proche nous réchauffe à nouveau. Les cirés et les pulls marins retournent au placard. Le plus difficile, au fond, ce qui nous arrache le cœur, c'est de devoir nous préparer à perdre notre liberté chérie, qui nous manquera soit dit en passant, bien plus que les cocotiers.

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Tout allait pourtant si bien dans le détroit ! Tom parti se coucher, j'enchaînai avec verve les empannages pour progresser dans la bande Sud du Détroit de Gibraltar au grand largue par force 4-5 Bft à plus de 7 nœuds (la circulation dans le Détroit est très réglementée et surveillée : les bateaux qui sortent vers l'Atlantique doivent naviguer dans la bande Nord côté Espagne, ceux qui entrent en méditerranée doivent rester dans la bande Sud côté Maroc). J'étais presque arrivée au bout, il ne restait plus qu'à tracer une longue diagonale direction l'Espagne à la sortie du Rocher, quand le capitaine s'est réveillé. Il a été très fier de mes manœuvres réussies de capitaine-en-second. Sauf que, manque de pot, à peine était-il debout depuis 10 minutes que le vent a forci dramatiquement. Les départs au lof devenaient difficilement maîtrisables avec 2 ris. On était réduits à prendre le 3e en urgence. C'est là qu'au moment de rehisser la grand voile, la drisse nous lâche ! La voile reste en bas et la manille vient se coller en tête de mas, comme pour nous naguer... Heureusement rien de grave, juste une manille défaite, mais du coup, plus de grand voile.

On a continué au génois seul dans un vent à plus de 35 noeuds pour rejoindre le port le plus proche après Gibraltar, à savoir, Estepona, pour pouvoir : 1) profiter d'une bonne nuit à terre, 2) remettre notre grand voile en état de marche.

20h : On était installés à la terrasse d'un petit resto en train de regarder passer la faune des vacanciers du coin, sur son 31 (Marbella, le St Tropez espagnol, est toute proche), à moitié chic, à moitié beauf'... Mais quel plaisir quand même de poser le pied à terre !

3 Responses:

Unknown a dit…

Ouf! Finalement, heureusement que vous n'etiez plus loin des terres, ça aurait été moins drôle de se retrouver sans grand voile au milieu de l'atlantique.

Profitez bien de la cuisine des restos, plus besoin de faire à manger. Des bon fruits et légumes frais pour vous redonner des vitamines.

Bises.

c0rle0ne a dit…

c est sure que cette faune ne devait pas vous manquer :)

gerald a dit…

on languit de vous accueillir autour d'un bon aïoli
avril et gégé